Maître des sciences occultes et télépathe fameux, le professeur Winckler (Erich von Stroheim) s’est installé au Fémina, boîte de nuit à la mode où son numéro fait sensation. Au cours d’une soirée, il remarque dans l’assistance Gordon (Philippe Richard), un Américain qui fut l’amant de son épouse. Ivre de vengeance, Winckler assassine son ennemi. Il demande à Hélène (Jany Holt), une des entraîneuses du Fémina, de témoigner qu’ils ont passé la nuit ensemble. L’enquête de police menée par le commissaire Calas (Louis Jouvet) commence…
Né en 1904, Pierre Chenal débute sa carrière par des courts métrages documentaires (dont plusieurs sur l’architecture) avant de réaliser ses premiers longs de fiction au tournant des années 30. Aux côtés de Carné, Duvivier, Renoir, il fait partie de ceux qui ont fait le cinéma français de cette époque, réalisant Crime et châtiment, L’Homme de nulle part, La Maison du Maltais…
En 1937, il offre à Louis Jouvet son premier rôle de policier. Pour autant, L’Alibi n’est pas à proprement parler une enquête policière : l’identité du meurtrier étant connue très tôt, il ne s’agit plus là de le démasquer, mais de faire tomber son alibi. Usant des classiques du genre, tels le milieu sordide, la boîte de nuit et ses personnages douteux, et la jeune entraîneuse manipulée, Pierre Chenal mène une étude psychologique des relations humaines, des rapports de domination et des manipulations sournoises comme seules interactions sociales. Aussi, le cinéaste essayera, en vain, de faire renoncer le coproducteur Fritz Bukofzer qui exigera un happy end, lorsque lui-même se serait satisfait d’une fin simplement morale.
Ce film, où tout le monde ment pour arriver à ses fins, oppose l’énigmatique Stroheim et le pénétrant Jouvet : la rencontre de deux monstres sacrés. « L’essentiel de la très honnête réalisation de Pierre Chenal réside dans les confrontations Stroheim-Jouvet. Le premier, arrogant, persifleur, savourant son stratagème. Le second, insidieux et astucieux. Le critique Serge Veber se demandait en les voyant lequel des deux était le plus inquiétant. […] Jouvet, face à l’ondoyant Stroheim, trouvait adversaire à sa taille, expert, comme lui, en tricheries et mensonges. » (Olivier Barrot et Raymond Chirat, Salut à Louis Jouvet, Ed. du Rocher, 2002)
L’Alibi
France, 1937, 1h24, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Pierre Chenal
Scénario & dialogues Marcel Achard
Photo Ted Pahle
Musique Georges Auric
Montage Gustaf Heidenheim
Décors Eugène Lourié, Serge Piménoff
Production B. N. Film, Tellus Film
Interprètes Louis Jouvet (le commissaire Calas), Erich von Stroheim (le professeur Winckler), Jany Holt (Hélène), Albert Préjean (André Laurent), Véra Flory (une entraîneuse), Florence Marly (la maîtresse de Gordon), Foun Sen (l'assistante de Winckler), Madeleine Siamé (la secrétaire de Calas), Pierre Labry (le premier inspecteur), Philippe Richard (John Gordon), Maurice Baquet (Gérard), Margo Lion (Dany)
Sortie en France 22 décembre 1937
Restauration 2K par Gaumont.
Remerciements au distributeur Gaumont Distribution
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