Le gangster Matsunaga (Toshiro Mifune) va faire soigner une blessure dans la clinique du docteur Sanada (Takashi Shimura). Après l’avoir opéré sans anesthésie, Sanada lui détecte une tuberculose que Matsunaga refuse de traiter. Les ennuis de Matsunaga s’amplifient lorsqu’un ancien chef de bande sort de prison…
Dès l’enfance, le cinéma fait partie de la vie d’Akira Kurosawa : son père emmène régulièrement toute la famille au cinéma, convaincu de sa valeur éducative, et son frère aîné, Heigo, benshi (il commente en direct l'action des films muets sur l'écran), conseille au jeune garçon les films qu’il doit absolument voir. Répondant à une annonce, Kurosawa est recruté en 1935 par le studio PCL (bientôt Toho) comme assistant réalisateur. Il apprend auprès de ses maîtres le montage, le bruitage… Il passe à la réalisation en 1943, à l’âge de 33 ans, avec La Légende du grand judo. Après six films en cinq ans, il réalise L’Ange ivre.
La relation d’un truand en pleine déchéance et d’un médecin alcoolique, une rencontre entre deux caractères forts, une amitié teintée de violence. Le scénario, écrit par Akira Kurosawa et Keinosuke Uekusa, est enrichi grâce à leur enquête dans les milieux de la drogue. Les bas-fonds y sont d’un réalisme profond et le symbolisme de la mare emplie d’ordures est prégnant. L’Ange ivre bénéficie de l’apport de courants étrangers : le film noir américain et l’expressionnisme, dont on retrouve certains éléments dans les jeux d’ombres et dans celui des comédiens. La mise en scène de Kurosawa est inventive et l'interprétation des acteurs extrêmement puissante. Ce qui explique le grand succès que le film obtiendra auprès du public japonais.
L’Ange ivre est un film-clé de la carrière de Kurosawa. Il lance Toshiro Mifune, interprète libre, instinctif et parfois incontrôlable, avec qui le cinéaste travaillera à de très nombreuses reprises : « L’acteur japonais ordinaire, pour traduire une impression, a besoin de trois mètres de film ; pour Mifune, un mètre suffisait. Il lançait tout d’une manière très directe et expéditive. Je n’avais jamais vu, chez un acteur japonais, un tel sens du tempo, et cependant avec toute sa vivacité, il avait également une grande finesse de sensibilité. » (Akira Kurosawa, Comme une autobiographie, Seuil/Cahiers du cinéma, 1985) Ensuite, le cinéaste ne fera plus de films de commande : « Dans ce film, je me suis enfin découvert moi-même. C’était mon film : je le tournais et personne d’autre ne le faisait. » (Akira Kurosawa, Positif n°461-462, juillet-août 1999) La première œuvre vraiment personnelle du cinéaste qui affirme un style à la fois réaliste et romantique.
L’Ange ivre (Yoidore tenshi)
Japon, 1948, 1h38, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Akira Kurosawa
Scénario Akira Kurosawa, Keinosuke Uekusa
Photo Takeo Ito
Musique Fumio Hayasaka
Montage Akikazu Kono
Décors Takashi Matsuyama
Production Sojiro Motoki, Toho
Interprètes Takashi Shimura (le docteur Sanada), Toshiro Mifune (Matsunaga), Michiyo Kogure (Nanae), Reizaburo Yamamoto (Okada), Chieko Nakakita (Miyo), Noriko Sengoku (Gin, la fille du bar)
Sortie au Japon 27 avril 1948
Restauration 2K Toho
Remerciements au distributeur Wild Bunch/Wild Side
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