Un haut responsable du régime communiste tchécoslovaque (Yves Montand) est traqué puis arrêté. Il est aveuglé et menotté. Emprisonné, il est soumis à la torture, doit lutter contre la faim, la soif et la privation de sommeil. Il subit des interrogatoires sans fin. Sous l’effet de la fatigue et de la souffrance, il finit par avouer des crimes qu'il n'a pas commis.
Durant le montage de Z, Claude Lanzmann parle à Costa-Gavras d’un livre qui l’a impressionné. Il s’agit de L’Aveu, un récit autobiographique d’Artur London, ancien ministre tchécoslovaque des Affaires étrangères, victime des pratiques staliniennes. En 1951, le Parti communiste de son pays se livre à de violentes purges en interne. London fait partie des quatorze cadres faussement accusés de trahison, d’espionnage ou de complot en faveur du maréchal Tito. Il comparaît en 1952 lors des procès de Prague, qui se solderont par l’exécution de onze inculpés. Condamné de son côté à la prison à vie, London est finalement acquitté en 1956.
Costa-Gavras retranscrit à l’écran le calvaire de cet homme broyé par un parti auquel il a dédié toute sa vie. Oppressante, la mise en scène nous plonge dans une atmosphère kafkaïenne, où le héros se retrouve pris dans l’engrenage d’une machine policière qui le déshumanise.
Amaigri, le teint blafard, Yves Montand nous fait éprouver le désespoir qui étreint son personnage, soumis à des questions qu’il ne comprend pas, contraint d’obéir à des ordres brutaux, exposé à de fortes lumières qui lui brouillent la vue. La photographie sombre de Raoul Coutard contribue à rendre insupportable cet univers clos, tandis que la bande sonore, saturée de bruits, crée une tension permanente. Film rude et éprouvant, L’Aveu a fait couler beaucoup d’encre à sa sortie, provoquant de nombreux débats et imposant Costa-Gavras comme un grand réalisateur politique.
« Après la dernière image et même après que le mot fin a disparu de l’écran, on reste un court instant, interdit et muet, comme en suspens entre le cauchemar que l’on vient de vivre et une réalité quotidienne qui, lentement, retrouve ses droits. C’est dire la force émotive de ce film, son pouvoir de suggestion, à quel point il ébranle nos nerfs et blesse notre conscience. » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 2 mai 1970)
L’Aveu
France, Italie, 1970, 2h19, couleurs, format 1.66
Réalisation Costa-Gavras
Assistant réalisation Alain Corneau
Scénario Jorge Semprun, Costa-Gavras, d’après le récit éponyme d’Artur et Lise London
Photo Raoul Coutard
Musique Giovanni Fusco
Montage Françoise Bonnot
Décors Bernard Evein
Costumes Jacqueline Moreau
Production Robert Dorfman, Bertrand Javal, Les Films Corona, Les Films Pomereu, Fono Roma, Selenia Cinematografica
Interprètes Yves Montand (Gérard), Simone Signoret (Lise), Gabriele Ferzetti (Kohoutek), Michel Vitold (Smola), Laszlo Szabo (le policier interrogateur), Jean Bouise (le directeur de l’usine), Marcel Cuvelier (Josef Pavel), Monique Chaumette (l’amie de Lise)
Sortie en France 29 avril 1970
Restaurations KG Productions, la société de production de Costa-Gavras
Remerciements à KG Productions
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