Durant la guerre froide, l’agent secret britannique Alec Leamas (Richard Burton), en poste à Berlin, est rappelé à Londres où il accepte une mission destinée à démasquer Hans-Dieter Mundt (Peter Van Eyck), un ancien nazi désormais reconverti dans le contre-espionnage. Pour être approché par les services adverses, Leamas fait mine d’être démis de ses fonctions et de sombrer dans l’alcool. Employé dans une bibliothèque, il rencontre Nancy Perry (Claire Bloom) qui tombe amoureuse de lui et se révèle être membre du Parti communiste.
L’Espion qui venait du froid est le premier ouvrage de John Le Carré à faire l’objet d’une adaptation au cinéma. Avec ce best-seller, l’auteur britannique a révolutionné la littérature d’espionnage, présentant cette activité de façon réaliste, s’inspirant de sa propre expérience, loin des fantasmes nourris par la saga James Bond. Avec son récit tortueux, exploitant les tensions géopolitiques des années 60, L’Espion qui venait du froid décrit un monde cynique où la trahison et la manipulation sont omniprésentes, et où l’agent Leamas n’est qu’un pion au sein d’un vaste échiquier.
Plutôt fidèle à l’ouvrage, Martin Ritt opte pour une mise en scène sèche et sans fioritures, qui épouse les méandres d’une intrigue à tiroirs, exigeant du public une attention constante, tant les dialogues fusent et les révélations s’enchaînent. Teinté d’amertume, filmé dans un noir & blanc sépulcral, L’Espion qui venait du froid baigne dans une tonalité grise et froide, donnant l’impression d’un étau qui se resserre sur le héros, pris au piège d’un engrenage qui le dépasse. Démythifiant la figure de l’espion, le cinéaste présente Leamas comme un travailleur ordinaire, sommé d’obéir aux ordres de ses supérieurs, dont il ne saisit pas forcément la finalité. Dans ce rôle complexe, Richard Burton livre une interprétation dépouillée de tout effet de manche : silhouette lasse, regard parfois éteint, il campe un homme qui commence à douter du système qui l’emploie.
« À mesure que le film se déroule, nous avons l’impression de voir un homme s’enfoncer dans un labyrinthe de plus en plus obscur et compliqué, et qui ne peut déboucher que sur la mort. Pas de choc, de suspens et d’angoisse. Mais un malaise insidieux, une sensation pénible d’enlisement et d’étouffement. Dans L’Espion qui venait du froid l’amour même est cafardeux. » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 15 mars 1966)
L’Espion qui venait du froid (The Spy Who Came in from the Cold)
États-Unis, 1965, 1h53, noir et blanc, format 1.85
Réalisation Martin Ritt
Scénario Paul Dehn, Guy Trosper, d’après le roman éponyme de John Le Carré
Photo Oswald Morris
Musique Sol Kaplan
Montage Anthony Harvey
Décors Tambi Larsen
Costumes Sophie Devine
Production Martin Ritt, Salem Films Limited
Interprètes Richard Burton (Alec Leamas), Claire Bloom (Nancy Perry), Oskar Werner (Fiedler), Sam Wanamaker (Peters), George Voskovec (le camarade Karden), Cyril Cusack (le contrôleur), Rupert Davies (George Smiley), Peter Van Eyck (Hans-Dieter Mundt), Michael Hordern (Ashe)
Sortie aux États-Unis 16 décembre 1965
Sortie en France 9 mars 1966
Restauration 2K par Paramount.
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