Kai Skaug, armateur couronné de succès, vient de mourir à 54 ans. Ses parents et une foule d’amis et de relations se trouvent rassemblés pour les obsèques. Le testament de Kai, veuf et sans enfants, rassure immédiatement ses proches : la fortune leur est bien léguée et non à un centre de recherche sur le cancer, comme ils le redoutaient. Une condition sine qua non toutefois : son immense et prospère société, que gèrera son frère Jon (Espen Skjønberg), doit être administrée par une famille unie.
© Malavida
C’est l’histoire d’une famille en deuil. Ou plutôt : l’histoire d’une famille face aux volontés du défunt, comme un cadeau empoisonné. Alors que la famille Skaug se réunit dans la maison de campagne de Kai, tous se partagent meubles, objets, œuvres d’art avec une certaine fébrilité, puisqu’il leur faut être une « famille unie ». Puis la fissure dans l’édifice instable : Jon, le frère, suite à un examen de conscience personnel, refuse de jouer ce jeu de dupe. Il décline sa part et invalide de facto le testament.
Pour L’Héritage, Anja Breien a le désir de filmer une famille bourgeoise, mais ne souhaite pas réaliser un film psychologique. Elle prend alors le biais matériel pour analyser les relations familiales qu’elle filme comme un ballet, et non par le prisme d’un personnage principal. Dans ce drame qui bascule dans la comédie satirique, Anja Breien dissèque la désagrégation de la cellule familiale. Toutes les barrières sociales tombent, amour filial, civilité, parenté…, laissant place au conflit larvé, aux petites rancœurs et aux grandes trahisons. L’humour – et sans doute l’ironie – de Breien est vif. Elle en fait la démonstration puissante lorsqu’elle filme la scène de partage des biens sur l’air de La Pie voleuse de Gioachino Rossini…
L’Héritage est un film subtil, dans une certaine tradition nordique de critique d’une société rigide et de la famille bourgeoise, portée par le dramaturge Henrik Ibsen. « L’Héritage, c’est, traitée une part de non-dit excitante (jusqu’au dénouement final trop explicite), l’autopsie cruelle des comportements des héritiers d’un riche armateur. Les acteurs – Anita Björk en particulier – sont dirigés à la manière bergmanienne et l’âpreté de l’humour de la réalisatrice est réjouissante. » (Françoise Audé et Éric Derobert, Positif n°355, septembre 1990)
L’Héritage (Arven)
Norvège, 1979, 1h35, couleurs
Réalisation Anja Breien
Scénario Anja Breien, avec Lasse Glomm et Oddvar Bull Tuhus
Photo Erling Thurmann-Andersen
Montage Henning Carlsen, Christian Hartkopp
Décors Lubos Hruza, Madla Hruza
Costumes Siri Bryhni
Production Harald Ohrvik, Norsk Film A/S
Interprètes Espen Skjønberg (Jon Skaug), Anita Björk (Märta Skaug), Häge Juve (Hanna Skaug), Jan Hårstad (Jonas Skaug), Eva Opaker (Gerd Skaug), Jannik Bonnevie (Eva Skaug), Svein Sturla Hungnes (Arne Torjussen), Jack Fjeldstad (Sam Pettersen), Mona Hofland (Rut Petersen), Ada Kramm (Marie Skaug)
Présentation au Festival de Cannes 14 mai 1979
Sortie en Norvège 13 août 1979
Ressortie au printemps 2026 par Malavida
Remerciements au distributeur Malavida
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