Michio, un sculpteur aveugle (Eiji Funakoshi) séquestre Aki, une jeune modèle (Mako Midori) rencontrée dans une galerie. Il la retient captive dans un hangar isolé, où il vit seul avec sa mère (Noriko Sengoku), possessive et castratrice. Michio veut s’inspirer du corps d’Aki pour créer une statue idéale. Si elle tente d’abord de s’enfuir, Aki se découvre peu à peu une étrange attirance pour son geôlier.
© The Jokers Films
« Quand on pense à l’avenir du cinéma japonais, il semble maintenant qu’il faut absolument faire quelque chose d’extravagant. Le cinéma underground peut être un certain signe avant-coureur, mais ce n’est pas un signe authentique. Il faut que naissent des films véritablement extraordinaires, des films-choc comme Le Cabinet du Docteur Caligari, qui apportait l’expressionnisme allemand après la Première Guerre mondiale. » (Yasuzo Masumura, Cahiers du cinéma n°224, octobre 1970)
Lorsqu’il tient ces propos sur la production de son pays, Yasuzo Masumura compte déjà plus de quarante films à son actif. « Extravagant » semble un adjectif bien choisi pour qualifier La Bête aveugle, qu’il réalise en 1969, d’après un roman de l’auteur Edogawa Rampo (dont le pseudonyme renvoie au maître du fantastique Edgar Allan Poe). Conte bizarre et détraqué, le film échappe à tout carcan réaliste, propose un mélange explosif d’horreur et d’érotisme.
La Bête aveugle avance comme un cauchemar éprouvant, une immersion dans l’univers d’un artiste enfermé dans ses obsessions. L’atelier de Michio est un décor hallucinant rempli de jambes, de seins, de bouches, de nez, autant de morceaux du corps féminin qu’il cherche à sublimer par la sculpture. Sa relation à sa mère tient du conflit œdipien. Prisonnière de cet espace suffocant, Aki va finir par rejoindre son ravisseur dans la folie, partageant jusqu’à sa cécité. Dans un style transgressif et dérangeant, Masumura transforme un huis clos oppressant en histoire d’amour sadomasochiste. Il tournera encore quinze films jusqu’à sa mort en 1986.
« La Bête aveugle est un moment cannibale à ranger entre Le Voyeur de Michael Powell et La Prisonnière d’Henri-Georges Clouzot : même aura surréaliste, même éclat pop’art, même folie maniaque. C’est le chemin de Damas d’une mannequin qui ne jouit que d’être regardée. » (Philippe Azoury, Libération, 3 août 2005)
La Bête aveugle (Moju)
Japon, 1969, 1h24, couleurs, format 2.35
Réalisation Yasuzo Masumura
Scénario Yoshio Shirasaka, d’après le roman éponyme d’Edogawa Rampo
Photo Setsuo Kobayashi
Direction artistique Shigeo Mano
Musique Hikaru Hayashi
Montage Tatsuji Nakashizu
Production Masaichi Nagata, Kazumasa Nakano, Daiei Studios
Interprètes Eiji Funakoshi (Michio), Mako Midori (Aki), Noriko Sengoku (Shino, la mère)
Sortie au Japon 25 janvier 1969
Restauration 4K présentée en exclusivité pour le festival Lumière.
Sortie vidéo en DVD-Blu-ray le 23 octobre par The Jokers Films, en vente en exclusivité au village du festival.
Remerciements au distributeur The Jokers Films
Film ayant reçu le label
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