La famille Lelièvre habite une grande maison isolée au cœur de la campagne bretonne. Engagée comme femme de ménage, Sophie (Sandrine Bonnaire) s'acquitte parfaitement de sa tâche, mais son comportement étrange cache un handicap : elle est analphabète. Celle-ci se lie bientôt d'amitié avec la postière, Jeanne (Isabelle Huppert), qui va lui transmettre son hostilité à l'égard des Lelièvre.
La Cérémonie est le récit d’une folie meurtrière qui s’empare de deux femmes, Sophie et Jeanne. Claude Chabrol peint avec férocité le tableau d’une lutte des classes, les exploitants contre les exploités (« c’est un film marxiste » affirmera-t-il), doublée d’une lutte des cultures, les détenteurs contre les démunis. Tout ceci sans violence apparente – les Lelièvre sont des "bons patrons" – mais l’humiliation ressentie est quotidienne. Lorsque Sophie et Jeanne se rencontrent et se dévoilent leurs secrets, la tension est instantanée. La bombe est amorcée, qui explosera le moment venu. Elles s’entraîneront chacune un peu plus loin, jusqu’au dénouement sanglant. Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire, lauréates en duo du Prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise, déclareront au sujet de leurs héroïnes : « C’est au delà du bien et du mal, ce sont des femmes si démunies, si pauvres, qu’elles n’ont même plus accès à la souffrance ». (Libération, 5 septembre 1995)
Inspiré, comme plusieurs œuvres auparavant, de l’histoire des sœurs Papin, deux domestiques qui massacrèrent leurs patronnes en 1933, La Cérémonie est un film fascinant de brutalité et de justesse. Chabrol a écrit le scénario avec la psychanalyste Caroline Eliacheff, spécialiste de l’analphabétisme. « S’il y a bien un génie du fait divers chez Chabrol, c’est justement parce qu’il le saisit dans toute sa puissance de désorganisation, dans sa façon d’instiller du doute dans les certitudes les plus grégaires. […] Par un magistral effet de suspens à l’envers, Chabrol filme le temps à la fois séduisant et effarant qui sépare un événement de sa cause. […] Plutôt que de domestiquer le terrible pourquoi des choses, il l’accompagne, l’encourage et pour tout dire le pousse au crime. » (Gérard Lefort, Libération, 30 août 1995)
Par cette quatrième collaboration avec le cinéaste (il y en aura sept), Isabelle Huppert continue d’explorer ce personnage chabrolien éternellement à la recherche de sa place et de reconnaissance. Une parfaite alchimie cinéaste / comédienne soulignée par Chabrol : « Ce qui me plaît en elle, c’est que j’ai trouvé l’actrice qui correspond exactement à ma manière de tourner. Elle a, ce que la plupart des comédiens n’ont pas, une réelle intelligence des choses. » (Claude Chabrol, L’Avant-scène Cinéma n°578, décembre 2010)
La Cérémonie
France, Allemagne, 1995, 1h51, couleurs, format 1.66
Réalisation Claude Chabrol
Scénario Claude Chabrol, Caroline Eliacheff, d’après le roman L’Analphabète de Ruth Rendell
Photo Bernard Zitzermann
Musique Matthieu Chabrol
Montage Monique Fardoulis
Décors Daniel Mercier
Costumes Corinne Jorry
Production Marin Karmitz, mk2 Films, France 3 Cinéma, Prokino Filmverleih, Olga-Film
Interprètes Isabelle Huppert (Jeanne Marchal), Sandrine Bonnaire (Sophie Bonhomme), Jacqueline Bisset (Catherine Lelièvre), Jean-Pierre Cassel (Georges Lelièvre), Virginie Ledoyen (Mélinda Lelièvre), Valentin Merlet (Gilles Lelièvre), Julien Rochefort (Jérémie), Dominique Frot (Madame Lantier), Jean-François Perrier (l'abbé), Yves Verhoeven (le livreur)
Sortie en France 30 août 1995
Présentation à la Mostra de Venise 5 septembre 1995
Sortie en Allemagne 2 novembre 1995
Restauration 4K mk2 (dont ce sont les 50 ans) par Éclair Classics d’après le négatif original.
Remerciements au distributeur Carlotta Films et à mk2 Films
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox