Soirée de la Saint-Sylvestre, dans un cimetière. Trois hommes ivres évoquent un ami disparu l’année précédente, et une croyance populaire selon laquelle le dernier pécheur mort de l’année conduirait, jusqu’à l’année suivante, la charrette fantôme chargée de transporter, pour leur dernier voyage, l’âme des défunts. Suite à une bagarre, David Holm (Victor Sjöström), l’un des vagabonds, décède.
Né en 1879 dans le comté de Värmland, Victor Sjöström est considéré comme un des pères fondateurs de ce qu’on appellera « l’école suédoise du film muet ». Formé sur les planches de théâtre, il entre en cinéma dès le début des années 10, comme acteur mais également comme cinéaste.
Sjöström porte à l’écran, entre 1917 et 1919, trois adaptations des romans de la Suédoise Selma Lagerlöf, première femme récompensée du Prix Nobel de littérature. Avec ses visions et son caractère pleinement psychologique, la nouvelle Le Charretier de la mort, inspirée des récits et légendes de sa province, est quant à elle réputée inadaptable. Profitant des studios flambant neufs de la Svensk Filmindustri, Sjöström se lance dans cet ambitieux projet.
La Charrette fantôme est un véritable monument du cinéma muet, un des chefs-d’œuvre de son auteur. Avec une structure audacieuse, faite de flashbacks, d’actions parallèles, il bouleverse les codes de la narration traditionnelle. Pour donner corps aux incursions fantastiques de ce conte moral, Sjöström et son directeur de la photo Julius Jaenzon jouent des surimpressions. La mise en scène est virtuose, révélant toute la puissance évocatrice du cinéma muet et le degré de sophistication éblouissant atteint par le cinéma suédois des années 20. Le film influencera des générations de cinéastes, comme F.W. Murnau ou Ingmar Bergman.
Quelques mois seulement après sa naissance, le magazine Cinéa consacre un numéro aux « Merveilles du cinéma suédois » (n°11, juillet 1921), et légende ainsi une photo de La Charrette fantôme : « Nous demandons à voir ce film. » Quelques semaines plus tard, le vœu est exaucé et le critique Louis Delluc, conquis : « La sombre poésie de la mort se déploie sur un thème hardi et saisissant. Les visions du mystérieux équipage, impalpable, cahotant, ombre d'une ombre, sont admirables. La rue, la mer, le cimetière nous ont particulièrement frappés. Et les désincarnations des morts dépassent le reste. Quelle science et quel art ! Sjöström a tiré de lui-même une intensité rare et ses partenaires le suivent strictement dans ce poème d'envergure. Voilà une œuvre. Et voilà que quelques personnes commencent à croire que le cinéma est un art. » (Louis Delluc, Cinéa n°23, 14 octobre 1921)
La Charrette fantôme(Körkarlen)
Suède, 1921, 1h47, noir et blanc, format 1.33
Réalisation & scénario Victor Sjöström, d’après la nouvelle Le Charretier de la mort de Selma Lagerlöf
Photo Julius Jaenzon
Direction artistique Alexander Bako, Axel Esbensen
Production Svensk Filmindustri
Interprètes Victor Sjöström (David Holm), Hilda Borgström (Anna Holm), Tore Svennberg (Georges), Astrid Holm (Sœur Edit), Concordia Selander (la mère d’Edit), Lisa Lundholm (Sœur Maria), Einar Axelsson (le frère de David)
Sortie en Suède 1er janvier 1921
Création du DCP VOSTF par le Swedish Film Institute en exclusivité pour le festival
Remerciements à SF Studios et Swedish Film Institute
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