La Dernière Marche

Invité d'honneur 2025 : Sean Penn

Matthew Poncelet (Sean Penn) a été condamné à mort pour le meurtre d’un jeune couple. Détenu en Louisiane, il voit approcher la date de son exécution.  Il écrit à sœur Helen Prejean (Susan Sarandon) afin qu’elle l’aide à obtenir une grâce. Elle lui rend visite et s’investit dans cette mission, tout en rencontrant les familles des victimes.  

Depuis son premier rôle à l’écran dans Taps de Harold Becker (1981), Sean Penn s’est rapidement forgé une solide réputation d’acteur par son jeu d’une grande intensité. Ses prestations remarquées dans Comme un chien enragé de James Foley (1986), Colors de Dennis Hopper (1988) ou encore Outrages de Brian De Palma (1989) l’ont installé comme une valeur montante de sa génération. La Dernière Marche est une nouvelle étape dans la consécration du comédien : sa performance lui vaut un prix d’interprétation à la Berlinale et une première nomination aux Oscars, où il sera par la suite récompensé à deux reprises, pour Mystic River de Clint Eastwood en 2004 et Harvey Milk de Gus Van Sant en 2009.

La Dernière Marche naît d’un livre écrit par Helen Prejean, où elle raconte sa plongée dans l’univers carcéral et les liens qu’elle a noués avec des prisonniers condamnés à la peine capitale. Marquée par l’humanité de la religieuse et partageant son combat abolitionniste, Susan Sarandon fait lire l’ouvrage à son compagnon Tim Robbins, qui décide d’en faire un film. En adaptant cette histoire, le réalisateur se montre soucieux de traiter le sujet dans toute sa complexité. Le personnage joué par Sean Penn n’est pas un innocent victime d’une erreur judiciaire, mais un meurtrier antipathique et raciste. Les scènes au parloir avec sœur Helen ne visent donc pas à l’absoudre, mais plutôt à le mener à prendre conscience de ses actes, réveillant ainsi sa part d’humanité. Tim Robbins opte pour une mise en scène sobre, filme la prison de manière réaliste et se concentre surtout sur la vérité qui émerge du face-à-face entre ses comédiens.         

« Tim Robbins, pour son deuxième film comme réalisateur (après Bob Roberts), n’a pas choisi la facilité : comment séduire le public avec un scénario aussi dur ? Comment éviter les clichés, les astuces dramatiques ? Le cinéaste s’en tient, avec rigueur, à son parti pris. Celui de la modestie. La caméra observe, c’est tout. Le risque était celui de rebuter les spectateurs. Or c’est le contraire qui s’est produit : aux États-Unis, le film a été reçu avec chaleur, provoquant discussions et débats. » (François Forestier, Le Nouvel Observateur, 28 mars 1996)