La Reine Margot

Événements et célébrations - 30 ans de La Reine Margot

1572. La France est déchirée par les guerres de religion. Pour apaiser les tensions, Catherine de Médicis (Virna Lisi) arrange le mariage de sa fille catholique, Marguerite de Valois dite Margot (Isabelle Adjani) avec le protestant Henri de Navarre (Daniel Auteuil). Six jours plus tard éclate le massacre de la Saint-Barthélemy. Au milieu de cette nuit d’horreur, Margot cache et soigne La Môle (Vincent Perez), qui devient son amant.

Lors de sa présentation au Festival de Cannes en 1994, La Reine Margot est précédé d’une forte attente, à la hauteur de sa démesure. Cinq mois de tournage, près de mille figurants, une reconstitution imposante, un casting prestigieux… La préparation du film s’est révélée une aventure titanesque, étalée sur plusieurs années, nécessitant un budget colossal.

Lorsque le producteur Claude Berri propose à Patrice Chéreau, après la sortie d’Hôtel de France, de réaliser un grand film populaire, le metteur en scène pense dans un premier temps adapter Les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas. La scénariste Danièle Thompson lui conseille plutôt La Reine Margot du même auteur. Tous deux vont longuement travailler ce matériau foisonnant, resserrer l’intrigue autour de l’héroïne, s’éloigner parfois de la vérité historique pour mieux privilégier une veine intimiste, centrée sur les rapports passionnés entre les personnages.

Au tournage, Chéreau veut s’affranchir de la pesanteur du film historique. Il multiplie les plans rapprochés sur les visages, saisit le ballet des corps, dans un mélange de violence crue et de sensualité. Avec son chef opérateur Philippe Rousselot, il compose une lumière funèbre, où dominent le rouge et le noir, faisant ressentir de façon organique le chaos de cette période sanglante. Chéreau s’inspire des tableaux de Zurbaran, Rembrandt ou Goya pour créer une atmosphère sombre et charnelle. À rebours de tout académisme, La Reine Margot brille ainsi d’un éclat baroque. 

« J’ai choisi de faire comme si on ne savait rien de la Renaissance, comme s’il y avait un trou dans l’iconographie. […] Les costumes ne sont pas authentiques, ils sont justes, pour le film ; même chose pour les dialogues. Par ailleurs, j’ai été frappé des similitudes entre le récit et les histoires mafieuses : si un film m’a aidé, ce n’est pas un film historique mais Le Parrain de Coppola. » (Patrice Chéreau, Le Monde, 16 mai 1994)