La Terre de la grande promesse

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Fin du XIX^e siècle en Pologne. À Lodz, l’industrie textile connaît un nouvel essor. Karol Borowiecki (Daniel Olbrychski) rêve de fonder sa propre usine en compagnie de ses amis Moryc Welt (Wojciech Pszoniak) et Maks Baum (Andrzej Seweryn). Prêts à tout pour réussir, les trois jeunes hommes se mettent en quête des capitaux nécessaires à leur projet. 

De Cendres et diamants à Paysage après la bataille, d’Ils aimaient la vie aux Noces, Andrzej Wajda s’est toujours nourri de la littérature de son pays. Pour La Terre de la grande promesse, il puise son inspiration chez Wladyslaw Reymont, lauréat du Prix Nobel en 1924. Dans son ouvrage La Terre promise, l’auteur polonais dépeint un nouveau paysage social, où le capitalisme impose sa loi. Wajda explique ce qui l’a séduit dans ce projet : « Le roman m’offrait une matière très concrète, fondée sur une observation réaliste de la vie. C’était un livre documentaire, très descriptif, presque photographique. Mais j’y ai trouvé également de quoi satisfaire ma sensibilité. Le monde qui y était décrit était très violent. Il exhalait de façon saisissante l’excès, le bouillonnement de la société industrielle de cette époque. » (Andrzej Wajda, Entretiens avec Jean-Luc Douin, Cana, 1981)

Fresque politique, La Terre de la grande promesse suit le destin de trois jeunes loups aux origines différentes : le premier est un aristocrate catholique, le deuxième l’héritier d’une famille allemande, le troisième un membre de la communauté juive. Ils partagent néanmoins le même arrivisme et un goût forcené pour le profit. Dans un style flamboyant qui fait la part belle aux mouvements d’appareil, Wajda retrace leur ascension pour mieux saisir un basculement collectif : tandis que l’industrialisation progresse à grands pas, la noblesse terrienne laisse place à une bourgeoisie d’affaires, qui ne recule devant rien pour accroître ses gains.  

« Somptuosité des images, soin du détail dans la reconstitution historique : Wajda ne limite pas là son effort. Il soulève le tout, il l’emporte en un souffle apocalyptique. Le naturalisme se fait opéra. Le thème des usines qui flambent pour cause de faillite lancine comme un leitmotiv wagnérien. C’est de l’extraordinaire baroque marxiste. » (Jean-Louis Bory, Le Nouvel Observateur, 1^er mars 1976)