Le Clan des Siciliens

Grands films sur grand écran

Grâce au "Clan des Siciliens", Sartet (Alain Delon), dangereux gangster, s’évade du fourgon cellulaire où il se trouvait après son arrestation par le commissaire Le Goff (Lino Ventura). À la tête du Clan, Vittorio (Jean Gabin) et ses deux fils, dont l’un est marié à la ravissante Jeanne (Irina Demick). Sartet expose à Vittorio l’idée d’un coup gigantesque : le vol d’une fabuleuse collection de bijoux exposée à Rome. Mais, sur place, le coup est infaisable compte tenu des nombreux systèmes de sécurité. L’opération aura donc lieu pendant le transfert des bijoux en avion entre Rome et New York…

Six ans après leur rencontre pour Mélodie en sous-sol, Henri Verneuil réunit de nouveau Jean Gabin et Alain Delon. Et il s’adjoint les services d’un troisième homme, Lino Ventura, autre monstre sacré du cinéma français. Le Clan des Siciliens, c’est ainsi l’image de toute une époque, celle des grands films populaires, des films qui connaissent un très beau succès en salle, portés par des acteurs plus grands que nature.

Dans ce polar à la française, Henri Verneuil respecte toutes les conventions du genre. Il confirme son sens implacable du récit et de l’action, sa maîtrise d’une mécanique bien huilée et du suspense – des qualités qui attirent les regards américains : ainsi, Le Clan des Siciliens est coproduit par l’Américaine Fox-Europa. Tous les plans seront tournés en français et en anglais, afin de sortir la version originale anglophone aux États-Unis. Malgré tous ces efforts, le film est un échec sur le sol américain. Ce qui est loin d’être le cas en France – bien au contraire.

Sec, nerveux et sans failles, Le Clan des Siciliens voit s’affronter Gabin le patriarche, Delon le malfrat et Ventura le flic, chacun à sa place, sans jamais empiéter sur celle de l’autre. Des interprètes de haut-vol pour une histoire d’honneur bafoué et de sourde vengeance.

« Auguste Le Breton pour l’histoire, José Giovanni pour les dialogues. On a affaire à des spécialistes. Henri Verneuil pour la réalisation : c’est du solide, du sérieux, du cousu main. Jean Gabin, Lino Ventura, Alain Delon : une sacrée affiche. […] Henri Verneuil est un fournisseur sérieux qui n’a jamais trompé la clientèle. Il ne livre que du travail soigné. Dès la première image, on marche et on se passionne pour cette nouvelle histoire de truands, d’enquête policière et de règlements de comptes, de coup réussi avec, à la fin, le fameux grain de sable qui fout tout par terre. » (Michel Duran, Le Canard enchaîné, 17 décembre 1969)