Devenu amnésique depuis la Première Guerre mondiale où il a été blessé, un barbier juif (Charles Chaplin) sort de l’hôpital et revient dans son ghetto exercer son métier. Il ne sait pas encore que le dictateur Hynkel, qui lui ressemble trait pour trait, a pris le pouvoir dans son pays, la Tomanie, et rêve de conquérir le monde. Confronté à la violence des milices, le barbier découvre la persécution des Juifs et tente de résister avec l’aide de sa voisine Hannah (Paulette Goddard).
« Outre ses mérites particuliers, Le Dictateur reste un phénomène sans précédent, un incident épique dans l’histoire de l’humanité : le plus grand clown, la personnalité la plus aimée de son époque, jetait un défi direct à l’homme qui avait provoqué les plus grands crimes et les plus grandes misères humaines de l’histoire moderne. » (David Robinson, Chaplin, Ramsay, 2022)
Le Dictateur constitue un virage dans la filmographie de Charles Chaplin. Resté fidèle au cinéma muet jusqu’aux Temps modernes, il décide pour la première fois de s’aventurer sur le terrain du film parlant. Déjà soulignée par de nombreux caricaturistes, la ressemblance entre Hitler et Charlot lui donne l’idée de se lancer dans une satire virulente, où il tiendrait un double rôle, utilisant son pouvoir comique pour dénoncer la barbarie nazie.
À cette époque, l’audace du cinéaste provoque des remous au sein de l’industrie hollywoodienne, frileuse au sujet du conflit naissant. Chaplin subit de nombreuses pressions mais ne renonce pas à son projet. Il rédige un script de trois cents pages, étudie des bandes d’actualité pour imiter la gestuelle et les intonations du Führer lors de ses discours. Le tournage démarre en septembre 1939, alors que les troupes allemandes viennent d’envahir la Pologne.
D’une acuité brûlante, Le Dictateur est un pamphlet où Chaplin déploie son génie créatif pour démonter l’inanité d’un pouvoir bouffon. Le film contient de nombreuses scènes d’anthologie, dont le fameux monologue final, où le cinéaste utilise enfin sa propre voix pour mieux faire porter son message humaniste.
« À la fin du Dictateur, contrairement à son habitude, Charlot s’immobilise et parle sans s’arrêter. Mais le verbe tue la pantomime, et Le Dictateur marque la disparition du personnage de Charlot à l’écran. Dans ses films ultérieurs, Chaplin se transformera en Monsieur Verdoux, en clown Calvero, en roi Shadow ou en vieux steward, mais plus jamais il n’incarnera la silhouette de l’homme à la petite moustache. Chaplin a ridiculisé Hitler, mais Le Dictateur a tué Charlot. » (Édouard Brasey, Charlie Chaplin, Solar, 1989)
La Dictateur (The Great Dictator)
États-Unis, 1940, 2h06, noir et blanc, format 1.85
Réalisation & scénario Charles Chaplin
Photo Karl Struss, Roland Totheroh
Musique Charles Chaplin, Meredith Wilson ; Johannes Brahms, Richard Wagner
Montage Willard Nico
Décors J. Russell Spencer
Production Charles Chaplin, Charles Chaplin Film Corporation
Interprètes Charles Chaplin (Adenoid Hynkel, le dictateur de Tomania / le barbier juif), Paulette Goddard (Hannah), Jack Oakie (Benzini Napaloni, le dictateur de Bacteria), Reginald Gardiner (Shultz), Henry Daniell (Garbitsch), Billy Gilbert (Herring), Grace Hayle (Madame Napaloni), Carter DeHaven (l’ambassadeur de Bacteria), Maurice Moscovitch (Mr. Jaeckel), Emma Dunn (Mrs. Jaeckel)
Sortie aux États-Unis 15 octobre 1940
Sortie en France 4 avril 1945
Restauration mk2 Films aux laboratoires VDM et L.E. Diapason.
Remerciements au distributeur mk2 Films
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox