Le Glas des va-nu-pieds

Lumière Classics & Nouvelles restaurations

À la fin de Seconde Guerre mondiale, deux partisans slovaques, Ondrej (Vlado Müller) et Stasek (Ivan Rajniak), cheminent dans le massif des Malá Fatra lorsqu’ils découvrent un groupe de soldats allemands décimé. Parmi eux, un survivant nommé Hans (Axel Dietrich), qu’ils décident de garder comme prisonnier. Les trois hommes font route commune et doivent apprendre à vivre ensemble, malgré leur appartenance à des camps opposés.    

Né en 1924, Stanislav Barabas étudie d’abord le droit à Bratislava. Il ne finit cependant pas son cycle universitaire et part en 1946 à Prague afin de se former à la mise en scène au sein de la FAMU, école qui vient tout juste d’être fondée et bientôt célèbre – Milos Forman, Vera Chytilová ou encore Jiri Menzel ont ainsi compté parmi ses élèves. Ayant obtenu son diplôme, Stanislav Barabas commence à partir de 1950 à tourner des courts métrages documentaires. Au retour de son service militaire, il travaille en tant qu’assistant réalisateur, notamment pour le cinéaste Pal’o Bielik, avec qui il collabore sur le drame historique Kapitán Dabac (1959).

Stanislav Barabas réalise en 1961 Le Chant du pigeon gris, son premier long métrage de fiction, qui lui vaut d’emblée une sélection officielle au Festival de Cannes. Composé de six contes, qui forment une structure cohérente, ce film pose un regard nouveau sur la Seconde Guerre mondiale : la résistance slovaque contre l’occupant allemand y est vue à travers les yeux d’enfants. Tout en gardant un style réaliste – hérité de son passé de documentariste –, Stanislav Barabas introduit dans son récit une dimension poétique qu’il va développer dans ses œuvres ultérieures.

La Seconde Guerre mondiale est toujours au cœur de son troisième film, Le Glas des va-nu-pieds, mais le cinéaste s’intéresse moins au conflit qu’à ses répercussions sur les individus, qui se retrouvent confrontés à des questions existentielles. Les deux héros, Ondrej et Stasek, ne peuvent se résoudre à tuer ou abandonner le jeune soldat allemand qu’ils ont capturé, réalisant qu’ils pourraient être à la place de leur ennemi. La rencontre d’une villageoise seule et désespérée leur fait également prendre conscience de la valeur de la vie humaine, que la guerre s’acharne à détruire. Soutenu par un thème musical récurrent, Le Glas des va-nu-pieds accompagne l’évolution psychologique de ses personnages au long de leur voyage à travers les montagnes enneigées, que la photographie en noir & blanc met particulièrement en relief.