Fils d’un paysan, Paul (Philippe Léotard) a bien réussi sa vie. Ingénieur, marié, père d’un enfant, il est désigné pour être candidat aux élections législatives de son canton en Suisse. Issue d’une famille ouvrière italienne, Adriana (Olimpia Carlisi) arrive dans la région et trouve un emploi comme serveuse. Alors qu’il doit tenir un discours politique dans le café où elle travaille, Paul est happé par le visage de la jeune femme. Il lui demande s’il peut la voir tous les jours.
Alain Tanner s’impose à la fin des années 60 comme la figure de proue du renouveau du cinéma suisse avec deux premiers films remarqués. Charles mort ou vif (1969), primé au Festival de Locarno, accompagne la prise de conscience d’un entrepreneur qui choisit de rompre avec sa vie bourgeoise. La Salamandre (1971), salué par la critique, frappe par sa modernité et son portrait de femme insaisissable. Le cinéaste pose un regard aiguisé sur les bouleversements politiques de son temps, entre utopies et désillusions. Il développe un style unique, où se marient réalisme social et distanciation brechtienne, finesse du récit et forme savamment réfléchie.
Dans la séquence inaugurale de son quatrième long métrage, Le Milieu du monde, l’équipe de tournage apparaît dans le cadre, tandis qu’une voix off vient expliquer le titre. Le « milieu du monde » est un endroit précis, situé en Suisse, où se partagent les eaux, qui se dirigent vers la Méditerranée d’un côté, vers la mer du Nord de l’autre. Mais en réalité, ajoute la narratrice, « il y a autant de centres du monde qu’il y a de gens ». Alain Tanner organise dans ce décor la rencontre entre un homme et une femme, Paul et Adriana, dont les existences nous sont d’abord présentées par le biais d’un montage parallèle. Le scénario, co-écrit avec le romancier John Berger, retrace leur relation, que l’un et l’autre traversent de façon différente : l’amour possessif de Paul se heurte à l’indépendance d’Adriana, qui refuse de renoncer à sa liberté. Leur histoire est racontée par fragments, séparés par des cartons où s’affichent des dates, qui marquent la progression de l’hiver. Alain Tanner adopte une mise en scène lente, où chaque scène est un bloc possédant sa juste durée, captant les variations de sentiments entre deux êtres.
« Elliptique, et très fortement, pour tout ce qui n’est pas l’amour, le film insiste sur tout ce qui est cet amour, promenades à deux, conversations, étreintes. D’où une succession de systoles et de diastoles qui imite le rythme du cœur. On sait que pour une passion aussi repliée sur elle-même, les jours sont comptés. Tanner nous les compte sur l’écran. Un calendrier impitoyable jalonne la naissance de cette liaison, son apogée, son déclin brutal. » (Jean-Louis Bory, Le Nouvel Observateur, 23 septembre 1974)
Le Milieu du monde
Suisse, France, 1974, 1h57, couleurs, format 1.66
Réalisation Alain Tanner
Scénario Alain Tanner, John Berger
Photo Renato Berta
Musique Patrick Moraz
Montage Brigitte Sousselier
Décors Serge Etter
Production Yves Peyrot, Citel Films, Action Films, Société Suisse de Radiodiffusion et Télévision
Interprètes Olimpia Carlisi (Adriana), Philippe Léotard (Paul), Juliet Berto (Juliette), Denise Péron (la veuve Schmidt), Jacques Denis (Marcel), Roger Jendly (Roger), Gilbert Bahon (Albert), Paul Pasquier (Gavault), Adrien Nicati (le père de Paul)
Sortie en France 11 septembre 1974
Sortie en Suisse 27 septembre 1974
Restauration 4K par l’Association Alain Tanner, Filmo et la Cinémathèque Suisse.
Le film est labellisé Lumière Classics, qui récompense les plus belles restaurations de l’année.
Remerciements à l'Association Alain Tanner
Film ayant reçu le label
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