Alors que le maccarthysme bat son plein, le scénariste à succès Alfred Miller (Michael Murphy) se voit empêché de travailler en raison de ses liens avec le Parti communiste. Son ami d’enfance, Howard Prince (Woody Allen), modeste employé de restaurant, accepte de lui servir de prête-nom en touchant 10% sur la vente de chaque script. Arrondissant ainsi ses fins de mois, Howard est rapidement sollicité par différents auteurs boycottés par la télévision…
Le Prête-nom démarre par une chanson de Frank Sinatra, Young at Heart, tandis qu’un montage d’archives replonge le spectateur dans les années 50 : se télescopent le visage rayonnant de Marilyn Monroe et l’arrestation des époux Rosenberg, la guerre de Corée et l’essor de l’industrie automobile. Durant cette période, la « chasse aux sorcières » menée par le sénateur McCarthy instaure un climat de suspicion générale, et la Commission des activités antiaméricaines traque d’éventuels sympathisants communistes dans les milieux du cinéma et de la télévision. Inscrites sur une liste noire, de nombreuses personnalités sont alors mises à l’index pour leurs opinions, privées de tout emploi, parfois convoquées devant un tribunal.
Martin Ritt a été directement visé par ces poursuites et a vu sa carrière suspendue alors qu’il travaillait pour la chaîne CBS. Le cinéaste a longtemps attendu le moment propice pour aborder ce sujet à l’écran. Son expérience personnelle nourrit bien sûr Le Prête-nom, et pour donner encore plus de vérité à son film, il s’entoure de collaborateurs qui ont connu le même sort. Le scénariste Walter Bernstein a été lui aussi blacklisté, tout comme les comédiens Zero Mostel, Herschel Bernardi et Lloyd Gough.
Même si leur colère reste vive, Martin Ritt et Walter Bernstein ne veulent pas s’enfermer dans une dénonciation trop solennelle et privilégient le ton de la comédie. Le choix de Woody Allen dans le rôle-titre vient renforcer cette intention : la silhouette frêle de l’acteur donne corps à ce héros vite dépassé par sa mission, qui se révélera toutefois courageux face à l’adversité.
« Bernstein et Ritt n’ont rien oublié du passé, mais ils ont pris à son égard un recul sarcastique qui rend leur film bien plus vigoureux, bien plus pathétique sous sa drôlerie, qu’une simple démonstration politique. Traduit à son tour devant la commission des activités antiaméricaines, Woody Allen s’embrouille à plaisir dans ses dérobades, se lève comme pour faire un discours et lance à toute volée une phrase insolente, un cri de liberté individuelle qui balaie et renvoie aux ordures toute une période noire. » (Jacques Siclier, Le Monde, 31 janvier 1977)
Le Prête-nom (The Front)
États-Unis, 1976, 1h35, couleurs, format 1.85
Réalisation Martin Ritt
Scénario Walter Bernstein
Photo Michael Chapman
Musique Dave Grusin ; Frank Sinatra
Montage Sidney Levin
Décors Robert Drumheller
Costumes Ruth Morley
Production Martin Ritt, Devon / Persky-Bright Productions
Interprètes Woody Allen (Howard Prince), Zero Mostel (Hecky Brown), Herschel Bernardi (Phil Sussman), Michael Murphy (Alfred Miller), Andrea Marcovicci (Florence Barrett), Remak Ramsay (Hennessey), Marvin Lichterman (Myer Prince), Lloyd Gough (Delaney)
Sortie aux États-Unis 30 septembre 1976
Sortie en France 26 janvier 1977
Création du DCP VOSTF par Sony Pictures USA en exclusivité pour le festival.
Restauration 4K par Sony Pictures.
Remerciements à Park Circus et à Sony Pictures USA
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