Depuis qu’il est libre, Frank (James Caan) n’a qu’un objectif : prendre sa revanche sur la société qui l’a privé de sa jeunesse. Un vol de quarante dollars l’a conduit en prison ; sa rébellion et ses actes de violence successifs l’y ont fait rester onze ans… Là-bas, Okla (Willie Nelson), maître dans le perçage de coffres-forts, lui a transmis son savoir-faire. Dehors, Frank, au sommet de son art, se fait une réputation dans le milieu, tout en possédant une concession de voitures d’occasion et un bar. Mais il ne rêve que d’une chose : une vie avec femme et enfant. Ce sera avec Jessie (Tuesday Weld), serveuse dans un restaurant.
Après Comme un homme libre, initialement réalisé pour la télévision mais rapidement repéré en festival, Michael Mann envisage désormais de réaliser des longs métrages de fiction pour le cinéma. Ainsi arrive Le Solitaire. Le film – Thief, voleur, en VO – est inspiré du roman en partie autobiographique de Frank Hohimer, casseur de coffres professionnel. À la lisière des genres, empruntant à la décennie précédente et posant les jalons de celle à venir, ce premier film est impressionnant.
Le Solitaire tient du drame antique. Frank (chevaleresque James Caan en hors-la-loi romantique), après des années en prison, a urgence à rattraper le temps perdu. Il a une vie rêvée pour objectif, son American Dream plié en quatre dans son portefeuille : un collage sur un bout de carton, figurant un couple heureux, un enfant, une voiture et le visage de son ami Okla. Évoluant brillamment dans le petit milieu des cambrioleurs d’élite, des fourgues et des policiers corrompus, ce solitaire d’instinct s’associe pourtant avec d’autres malfrats dans le seul but d’accéder plus vite à ce qu’il imagine comme une vie authentique. Dans cette jungle urbaine, son désir d’indépendance se heurte à la réalité. L’engrenage est enclenché, la vengeance sera rageuse.
Michael Mann filme sa ville, Chicago, dans une mise en scène au cordeau. Plongée dans un bleu nuit, traversée des lumières des néons, elle est le cadre d’une épopée urbaine. Dès la première scène, quasi sans dialogues, le styliste Mann – qui évoquera le travail de Camille Pissarro comme inspiration – est à l’œuvre : une rue, des phares de voiture, les reflets dans le bitume mouillé. Une nuit sans étoile, et bientôt la signature de son auteur.
« Le Solitaire réinvente tout : les codes du film de casse, l’esthétique du genre – étincelles, néons, couleurs chaudes et vives –, l’emploi de la musique avec les orgues électroniques de Tangerine Dream et le regard que l’on pose sur l’univers criminel. Autrefois réaliste, il est ici sensitif, impressionniste, viral, émotionnel. » (Samuel Blumenfeld, Le Monde, 14 mars 2015)
Le Solitaire (Thief)
États-Unis, 1981, 2h04, couleurs, format 1.85
Réalisation & scénario Michael Mann, d’après le roman The Home Invaders: Confessions of a Cat Burglar de Frank Hohimer
Photo Donald Thorin
Musique Tangerine Dream
Montage Dov Hoenig
Décors Mel Bourne
Costumes Jodie Tillen
Production Jerry Bruckheimer, Ronnie Caan, Michael Mann Company / Caan Productions
Interprètes James Caan (Frank), Tuesday Weld (Jessie), Willie Nelson (Okla), James Belushi (Barry), Robert Prosky (Leo), Tom Signorelli (Attaglia), Dennis Farina (Carl), Nick Nickeas (Nick), W.R. Brown (Mitch), Norm Tobin (Guido)
Sortie aux États-Unis 27 mars 1981
Présentation au Festival de Cannes 16 mai 1981
Sortie en France 20 mai 1981
Director’s cut
Restauration 4K par MGM, supervisée par M. Mann.
Création du DCP VOSTF en exclusivité pour le festival dans le cadre de la labellisation Lumière Classics, qui récompense les plus belles restaurations de l’année.
Ressortie par Park Circus le 5 novembre 2025.
Remerciements au distributeur Park Circus
Film ayant reçu le label
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