Un matin d’hiver, une femme est violée dans une banale banlieue enneigée. Bientôt, une seconde agression est perpétrée. Anders (Svein Sturla Hungnes), jeune ouvrier, est remarqué aux abords du lieu des crimes. La police l’arrête.
© Malavida
Dans les années 60, le cinéma européen est en plein bouleversement et nombre de pays voient une nouvelle vague bousculer leur cinéma national. Bien que la Suède et la Finlande suivent le mouvement, la Norvège tarde. Face à une industrie et à un système de production ankylosés, les jeunes cinéastes partent se former à l’étranger.
Anja Breien, née en 1940, intègre l’IDHEC à Paris de 1962 à 1964. Puis elle devient scripte sur le film Liv (1967) de Pål Løkkeberg, considéré par Peter Cowie comme « la rupture avec le passé en termes de langage cinématographique et de choix des sujets. » (Le Cinéma des pays nordiques, Centre Georges Pompidou, 1990) Elle enchaîne rapidement avec ses premiers courts métrages Grandir (Vokse opp) et Visages (Ansikter) – elle reviendra au court métrage à la fin des années 90.
En 1971, elle réalise son premier long, Le Viol, affirmant d’entrée son engagement politique et son intérêt pour les questions de société. Dans un noir & blanc contrasté, la cinéaste signe une fiction aux accents documentaires sur la justice norvégienne. À travers le parcours d’Anders, jeune homme au passé instable, c’est le système judiciaire qui est interrogé : comment un inculpé, qui n’a ni les codes ni l’éducation, peut se défendre ? Les scènes de l’univers carcéral, reconstitué avec minutie, sont criantes de vérité. Peu de musique, des gros plans introspectifs… la forme sert un sujet oppressant. La question de la culpabilité ou de l’innocence d’Anders ne sera pas résolue, laissant le spectateur seul juge de cette affaire.
« Au début des années 70, les grands mouvements féministes émergeaient et Anja Breien posait déjà les vraies questions qui gênaient. Paradoxalement dans son premier long métrage, Le Viol, elle s’intéressait plus à l’auteur présumé qu’à la victime. Par une approche quasi documentaire, voulant être au plus près de la réalité – en prenant même comme acteur, un avocat socialement engagé –, elle critique le système pénal norvégien en insistant sur ses carences. […] Film sobre, rigoureux, posant les motivations éventuelles du viol, mais aussi s’interrogeant sur la culpabilité, le processus de la mise en cause d’un inculpé. » (Marceau Aidan, Jeune Cinéma n°289, mai-juin 2004)
Le Viol sera sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, et Anja Breien se lancera bientôt dans l’aventure singulière de Wives.
Le Viol (Voldtekt)
Norvège, 1971, 1h36, noir et blanc
Réalisation Anja Breien
Scénario Per Blom, Anja Breien
Photo Halvor Næss
Montage Christian Hartkopp
Décors Odd Danielsen
Costumes Ellen Andreassen
Production Norsk Film A/S
Interprètes Svein Sturla Hungnes (Anders), Anne Marie Ottersen (Wilhelmine Hansen), Liv Thorsen (Rita), Per Carlson (le procureur), Olav Hestenes (un avocat), Kjell Stormoen (un avocat), Sverre Horge (Frank Iversen), Erik Øksnes (Holen), Katja Medbøe (Karen)
Sortie en Norvège 1ermars 1971
Présentation au Festival de Cannes mai 1971
Ressortie au printemps 2026 par Malavida
Remerciements au distributeur Malavida
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