Il était une fois, dans la ville du Calife, un jeune prince Ahmed, qui s’envole sur un cheval magique et atterrit au pays lointain de Wak-Wak. Là, il tombe amoureux de la belle Pari Banu. Mais il doit affronter son plus terrible ennemi, le Mage africain…
Quelques semaines avant sa sortie sur les écrans, Les Aventures du Prince Ahmed faisait bruisser la critique française. Quelques informations seulement et de rares photos que commentait Jean Mirus dans Cinémagazine : « Les quelques photos qui illustrent cet article ne donneront qu'une faible idée de ce qu'il a fallu de patience, de goût et d'art pour réaliser Les Aventures du Prince Ahmed, pour en faire le plus beau des films fantastiques, le seul peut-être. » (Cinémagazine n°25, 18 juin 1926)
Premier long métrage d’animation européen de l’Histoire du cinéma, Les Aventures du Prince Ahmed est signé de la cinéaste allemande Lotte Reiniger. Née en 1899, elle assiste adolescente à une conférence du comédien et cinéaste Paul Wegener. Elle se passionne pour les effets d’optique et la technique des silhouettes découpées, et convainc sa famille de la laisser se former à l’art dramatique auprès de Max Reinhardt. À seulement 19 ans, son travail attire l’attention de Wegener qui lui confie l’animation des intertitres du Joueur de flûte de Hamelin. L’année suivante, elle signe la réalisation de son premier court métrage d’animation.
Pour passer du court au long métrage, la cinéaste s’engage dans un travail acharné de trois ans, aux côtés de Carl Koch (futur scénariste auprès de Jean Renoir, et avec qui elle montera sa société de production à Londres), son compagnon et collaborateur de toute une vie, et, pour les effets spéciaux, de Berthold Bartosch et Walter Ruthmann, figure du cinéma d’avant-garde. « La maîtresse des ombres », comme la surnommait Renoir, a filmé 300 000 images pour composer Les Aventures du Prince Ahmed. Mêlant la technique des silhouettes découpées et celle du théâtre d’ombres, il aura fallu poser chaque personnage à plat devant une caméra qui filmait à la verticale, leur donnant vie grâce à de fines baguettes fixées à leurs articulations.
Foisonnante de détails et ne sacrifiant rien à la facilité, la technique du papier découpé, telle de la dentelle, est d’une grande finesse. À l’écran, un envoûtement. Inspiré des contes des Mille et une nuits, le film est une plongée dans le style oriental, une féérie intemporelle entre magie et poésie.
« Ce film n'est pas une reproduction de scènes jouées par des artistes vivants, grimés et habillés en personnages fantastiques, mais une suite de scènes décoratives et artistiques où des personnages, en ombres chinoises, vivent d'une vie miraculeuse, faisant oublier aux spectateurs l'artifice, pour ne lui laisser que l'impression de fraîcheur poétique où l'admirable devient vrai, où la vérité est admirable et où la vie est belle, comme dans un rêve d'enfant. » (art. cit.)
Les Aventures du prince Ahmed (Die Abenteuer des Prinzen Achmed)
Allemagne, 1926, 1h06, couleurs, format 1.33
Réalisation & scénario Lotte Reiniger
Collaboration Carl Koch, Walter Ruthmann, Berthold Bartosch, Alexander Kardan, Walter Türrk
Musique Wolfgang Zeller
Production Cormenius Film Berlin
Raconté par Hanna Schygulla
Première en France 2 juillet 1926
Sortie en Allemagne septembre 1926
Restauration 2K par le Deutsches Filmmuseum
Distributeur Carlotta Films
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