Mathias Kohlhiesel (Jacob Tiedtke) a deux filles (Henny Porten) à marier : Liesel, l’aînée, peu gracieuse et revêche, et Gretel, la cadette, jolie et docile. Xaver (Emil Jannings) souhaite épouser Gretel, mais Kohlhiesel refuse : il ne donnera la main de Gretel qu’une fois Liesel elle-même mariée. Seppl (Gustav von Wangenheim), également amoureux de Gretel, suggère à son ami Xaver d’épouser d’abord Liesel et d’attendre la fin rapide de l’union…
Avant de se faire connaitre à Hollywood et de marquer l’histoire du cinéma de sa « Lubitsch Touch » avec des films inoubliables comme Sérénade à trois (1933), Ninotchka (1939) ou To Be or Not to Be (1942), Ernst Lubitsch a connu des débuts auréolés de succès dans l’Allemagne des années 1910 et 1920.
Durant l’hiver 1919-1920, il transpose, par deux fois, les personnages de William Shakespeare dans les montagnes bavaroises : les amants de Vérone dans Roméo et Juliette dans la neige et ceux de La Mégère apprivoisée avec Les Filles de Kohlhiesel. Ce dernier est l'œuvre la plus populaire de Lubitsch tournée en Allemagne, régulièrement projetée dans les salles jusqu’à la fin des années 20.
Dans cette farce paysanne, l’actrice Henny Porten joue les rôles des sœurs Liesel et Gretel, la harpie face à la désirée. Le double portrait allégorique se révèle être une furieuse guerre des sexes. Ce film sur les apparences trompeuses et la beauté de l’âme est un bijou de bouffonnerie : tout est exagéré – les acteurs s’en donnant à cœur joie – pour souligner le caractère grotesque de l’histoire et des caractères. Jouant du comique de situation, Ernst Lubitsch livre un film énergique, particulièrement rythmé, teinté d’un certain sens du burlesque qui a marqué la première partie de son œuvre.
« En se tournant vers les genres "modestes", comme la comédie paysanne ou le mélodrame, [Lubitsch] fait montre de moins de roublardise que de méfiance devant l'intellectualisme, douteux puisque transplanté de toutes pièces, d'une culture d'avant-guerre (l'expressionnisme pictural ou littéraire, le grand spectacle vaguement nationaliste, les vieilles légendes), qui envahissait alors le cinéma allemand. » (Bernard Eisenschitz, Cahiers du cinéma n°198, février 1968)
Après un premier voyage fin 1921, Ernst Lubitsch quitte l’Allemagne pour Hollywood en 1922, invité par Mary Pickford. Personne ne se doute alors que ce départ sera définitif.
Les Filles de Kohlhiesel (Kohlhiesels Töchter)
Allemagne, 1920, 1h05, noir et blanc, format 1.33
Réalisation Ernst Lubitsch
Scénario Ernst Lubitsch, Hanns Kräly
Photo Theodor Sparkuhl
Décors Jack Winter
Costumes Jan Baluschek
Production Messters Projektion
Interprètes Henny Porten (Liesel / Gretel), Jacob Tiedtke (Mathias Kohlhiesel, père de Liesel et Gretel), Emil Jannings (Peter Xaver), Gustav von Wangenheim (Paul Seppl), Willy Prager (le marchand)
Sortie en Allemagne 9 mars 1920
Restauration 4K par la Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung.
Le film est labellisé Lumière Classics, qui récompense les plus belles restaurations de l’année
Remerciements à Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung
Film ayant reçu le label
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