Isak Borg (Victor Sjöström), professeur de médecine, doit se rendre à Lund où il sera honoré lors de son jubilé. La veille de son départ, il fait un rêve étrange, lui faisant craindre de mourir. Il annule son voyage en avion et décide de traverser le pays en voiture, accompagné de sa belle-fille Marianne (Ingrid Thulin). Ce voyage, ponctué de rencontres et d’incidents, lui permet, entre songes et réalité, de faire son examen de conscience et de s’échapper vers une maison de famille, paradis de sa jeunesse.
Tout juste auréolé des critiques dithyrambiques du Septième Sceau (1957), le suédois Ingmar Bergman dispose d’une carte blanche créatrice auprès des studios. Paradoxalement, c’est ce moment qu’il choisit pour livrer un film dont le sujet évoque une fin de parcours.
Il engage Victor Sjöström, pionnier du cinéma suédois et réalisateur du Vent, pour incarner Isak, dernier rôle de sa carrière commencée en 1912. Une évidence pour le cinéaste : « Empruntant le rôle de mon père, il occupa mon âme, il s’appropria tout. […] Les Fraises sauvages n’était plus mon film, c’était celui de Victor Sjöström. » C’est la première fois que le cinéaste choisit un vieil homme pour héros, dont les initiales ne sont autres que "I.B." Le réalisateur, qui se dirige alors sur ses 40 ans, ne plonge plus dans son passé, mais livre un film aux accents préfigurateurs, comme une mise en garde.
Le lent voyage entrepris par le personnage d’Isak est celui d’une vie qui s’achève, où les rencontres sur le chemin ravivent les bribes de son passé qui le submergent petit à petit. Isak semble traverser le no man’s land de l’existence, comme s’il flottait entre le monde des vivants et celui des morts. Peu estimé par ses proches, on découvre que l’apparent égoïsme cache de profondes failles. Des réminiscences comme autant d’aveux de faiblesse, de déceptions et de tromperies, qui permettent au personnage de se poser des questions existentielles. Le bilan n’est pas fameux, et le portrait sans concession qu’il dresse de sa vie révèle un homme égoïste et injuste, qui a sacrifié les relations humaines au profit du travail.
« L’autocritique ne s’en tient pas à ce stade préventif. Succédant immédiatement au Septième Sceau, Smultronstället reprend, en le dilatant, le moment de paix complète où le chevalier goûtait auprès des comédiens les fraises et le lait de l’hospitalité. […] Le film n’est sans doute que le second terme d’un simple mouvement d’alternance. Le chemin de la vie reste large ouvert devant Ingmar Bergman. » (Roger Tailleur, Positif n°31, novembre 1959)
Les Fraises sauvages (Smultronstället)
Suède, 1957, 1h31, noir et blanc, format 1.37
Réalisation & scénario Ingmar Bergman
Photo Gunnar Fischer
Musique Erik Nordgren, Göte Lovén
Montage Oscar Rosander
Décors Gittan Gustafsson
Costumes Millie Ström
Production Allan Ekelund, Svensk Filmindustri
Interprètes Victor Sjöström (le professeur Isak Borg), Bibi Andersson (Sara), Ingrid Thulin (Marianne Borg), Gunnar Björnstrand (le docteur Evald Borg), Jullan Kindahl (Agda), Folke Sundquist (Anders), Björn Bjelfvenstam (Viktor), Naima Wifstrand (Madame Borg, la mère d’Isak), Gertrud Fridh (Karin Borg, l’épouse d’Isak), Max von Sydow (Henrik Åkerman)
Sortie en Suède 26 décembre 1957
Sortie en France 17 avril 1959
Restauration 2K par Svensk Filmindustri en partenariat avec Studiocanal.
Remerciements au distributeur Carlotta Films
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