Les Repentis

Invitée d’honneur : Icíar Bollaín

Le 29 juillet 2000, un commando de l’organisation séparatiste basque ETA abat dans un café l’ancien gouverneur socialiste Juan María Jáuregui. Sa veuve Maixabel Lasa (Blanca Portillo) devient responsable d’une association de soutien aux victimes.  Onze ans plus tard, l’un des auteurs du crime, Ibon Etxezarreta (Luis Tosar), a rompu ses liens avec le groupe terroriste. Depuis la prison où il purge sa peine, il veut rencontrer Maixabel.

Après Même la pluie, Icíar Bollaín s’impose comme une valeur sûre du cinéma espagnol. Elle réalise plusieurs films aux tonalités variées, qui se distinguent par un arrière-plan social finement restitué. Katmandou, un miroir dans le ciel suit le parcours d’une institutrice qui s’engage comme volontaire dans une école au Népal. L’Olivier épouse la quête d’une jeune femme qui part à la recherche d’un arbre millénaire arraché à son grand-père. Yuli retrace le destin singulier d’un enfant cubain qui devient un danseur célèbre. Le Mariage de Rosa est une comédie où l’héroïne reprend le contrôle de sa vie en s’affranchissant des contraintes familiales.

Pour son dixième film, Les Repentis, Bollaín revient à un sujet plus grave, ayant marqué l’histoire récente de son pays. À partir de 2011, tandis que l’ETA annonce un cessez-le-feu, le gouvernement espagnol autorise des rencontres entre des repentis du groupe et des proches de leurs victimes. Certains terroristes, rattrapés par la culpabilité, finissent par renier leurs crimes et souhaitent demander pardon aux familles. Des confrontations sont alors organisées, avec l’espoir d’ouvrir un dialogue et d’apaiser les traumatismes.

Pour élaborer ce film, Bollaín se fonde sur l’expérience vécue par Maixabel Lasa, qui lui accorde sa confiance et la conseille dans l’écriture. Jouant son rôle avec une grande pudeur, Blanca Portillo obtient pour sa prestation le Goya de la meilleure actrice en 2022.  

« L’histoire de Maixabel est inspirée de faits réels, ce qui donne davantage de poids émotionnel à un scénario qui se partage entre les regrets des uns et le chagrin des autres. Il faut une sacrée maîtrise, avec un tel sujet, pour ne pas tomber dans le piège du larmoyant, tout en rendant compte du caractère poignant de certaines scènes où les assassins se confessent et cherchent le pardon dans les yeux de ceux qu’ils ont endeuillés à jamais. » (Alain Souché, Jeune cinéma n°416, été 2022)