Sur les bords du golfe de Veracruz, le village d’Alvarado vit de la pêche. Miro (Silvio Hernández), afin de faire soigner son enfant gravement malade, demande une avance sur la vente de sa pêche. Mais l’exploiteur refuse et l’enfant meurt. La révolte des pêcheurs gronde, menée par le père dévasté.
« Les sept mois passés à Alvarado se sont avérés une expérience magique. Je ne l’aurai manquée pour rien au monde, bien qu’il fut rapidement assez clair que le calendrier de tournage de quatre mois n’était pas réaliste ; le travail allait durer au moins le double. Le choix était simple : se résigner immédiatement et partir, ou rester et tenter sa chance dans cette très incertaine entreprise. » (Fred Zinnemann, An Autobiography, Bloomsbury, 1992)
Après quelques mois passés à Berlin aux côtés de Robert Flaherty, c’est bien la chance qui amène Fred Zinnemann sur le tournage des Révoltés d’Alvarado, remplaçant au pied levé son ami Henwar Rodakiewicz. Il débarque alors au Mexique, dans un pays en plein bouleversement, qui attire alors beaucoup d’intellectuels. C’est le cas du photographe new-yorkais Paul Strand qui, grâce à son amitié avec le compositeur Carlos Chavez, se voit confier par le gouvernement un budget pour réaliser des films à vocation documentaire et à destination d’une population majoritairement illettrée.
Naît alors Les Révoltés d’Alvarado, tourné avec des pêcheurs locaux et un seul acteur professionnel. Dans ce village pauvre, les pêcheurs sont des forçats de la mer. Surexploités par des propriétaires de barques ou des acheteurs peu scrupuleux, ils vivent un calvaire chaque jour renouvelé. La grève comme seul outil de lutte divise, certains suivent Miro devenu leader, d’autres, terrorisés, décident de continuer à travailler pour les profiteurs. Hommage direct au cinéma d’Eisenstein, le film est une œuvre sur la justice sociale et la lutte collective.
Sur le plateau, Zinnemann se charge de la réalisation tandis que Strand, fer de lance de la straight photography, dirige la photo du film. Mais le tournage s’avère de plus en plus compliqué : « En tant que photographe d’images fixes, [Strand] envisageait les films comme une succession de compositions splendides mais immobiles, alors que je me démenais pour intégrer le plus de mouvement possible dans les scènes. » (Fred Zinnemann, op. cit.) Deux visions d’artistes s’opposent. Au final, Les Révoltés d’Alvarado, film longtemps invisible, offre des images saisissantes d’une communauté saignée à blanc et désormais debout derrière un homme en deuil.
Les Révoltés d'Alvarado (Redes)
Mexique, 1936, 1h05, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Fred Zinnemann, Emilio Gómez Muriel
Scénario Henwar Rodakiewicz, Emilio Gómez Muriel, d’après une histoire de Paul Strand et Agustín Velázquez Chávez
Photo Paul Strand
Musique Silvestre Revueltas
Montage Emilio Gómez Muriel, Gunther von Fritsch
Production Azteca Films, Secretaría de Educación Pública (México)
Interprètes Silvio Hernández (Miro), Antonio Lara (El Zurdo), Rafael Hinojosa (le candidat), Felipe Rojas (Mingo), David Valle Gonzalez (Don Anselmo), Miguel Figueroa (Miguel), Susana Ortiz Cobos (l’épouse de Miro)
Sortie au Mexique 16 juillet 1936
Sortie en France 20 octobre 1937
Restauration The Film Foundation's World Cinema Project, la fondation de Martin Scorsese.
Fabrication d’un DCP VOSTF par la Cinémathèque de Bologne en exclusivité pour le festival Lumière.
Remerciements au distributeur Carlotta Films, à la Cineteca di Bologna et à The Film Foundation's World Cinema Project
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