Lola Casanova

Histoire permanente des femmes cinéastes : Matilde Landeta

À la fin du XIX^e siècle au Mexique, Nestor (José Baviera) et ses hommes commettent un massacre dans un village indien. Pour sauver son père de la faillite, la jeune Lola Casanova (Meche Barba) accepte à contrecœur d’épouser Nestor, mais une tribu menée par le chef Coyote Iguana (Armando Silvestre) attaque leur convoi sur la route. Faite prisonnière, Lola s’adapte petit à petit aux coutumes de ses ravisseurs et fonde avec Coyote une nouvelle famille.

Matilde Landeta est née en 1913 à Mexico. Découvrant le cinéma à son adolescence, elle souhaite ardemment en faire son métier, même si elle sait le chemin difficile. Dès 1933, elle démarre sa carrière en tant que scripte et travaille sur plus de soixante-dix tournages auprès de cinéastes réputés tels Julio Bracho ou Emilio Fernández.

Dans les années 40, elle gagne de haute lutte la position d’assistante réalisation et développe son goût pour la mise en scène. Dans cet univers exclusivement masculin, elle se confronte à la difficulté pour les femmes de passer derrière la caméra. Peinant à trouver le soutien financier pour mener à bien ses projets, elle crée avec son frère Eduardo, par ailleurs comédien, la société de production Tacma. Pour réaliser son premier film, elle doit même hypothéquer sa maison et vendre sa voiture.

Lola Casanova est l’adaptation d’un roman de Francisco Rojas González, paru en 1947, qui s’inspire d’une ancienne légende pour faire découvrir au lecteur, à travers de précises notations ethnographiques, les habitudes et modes d’organisation d’une tribu indigène. Landeta veut rester fidèle à l’esprit de l’ouvrage et désire tourner dans la région de Sonora, au nord du pays, où vivait réellement le peuple décrit. Disposant d’un budget réduit, elle doit finalement se résoudre à installer son plateau en studio tandis que les scènes d’extérieur sont filmées du côté d’Acapulco.

Portant un message progressiste, Lola Casanova plaide à la fois pour l’émancipation féminine et le métissage culturel. Bien qu’elle soit d’abord kidnappée, Lola finit par nourrir de vrais sentiments pour Coyote, alors qu’elle devait s’unir au perfide Nestor pour des raisons financières. Elle parvient à s’affranchir d’une vie qui ne lui convenait pas et à se bâtir une autre existence, plus en phase avec ses aspirations. Le courage de cette héroïne peut faire écho à celui de la cinéaste, qui a dû batailler contre les conventions pour affirmer son point de vue.