« Pour célébrer l’entrée dans le deuxième siècle du cinéma, aimeriez-vous tourner un plan de 52 secondes avec la caméra des frères Lumière ? »
© Collection Institut Lumière
1995, le cinéma a 100 ans. Après avoir remis en état de fonctionnement un Cinématographe Lumière, l’artiste plasticien Philippe Poulet propose à la productrice Fabienne Servan Schreiber un projet exceptionnel : offrir la possibilité à des cinéastes du monde entier de faire « leur » film Lumière, avec un appareil d’origine et de la pellicule fabriquée à nouveau pour l’occasion. L’idée est passionnante : en 1995, alors que les technologies ont largement évolué, il serait possible de filmer comme en 1895.
Les quarante cinéastes doivent respecter, peu ou prou, trois règles : filmer un plan séquence d’une cinquantaine de secondes, trois prises maximum, sans son synchrone ni lumière artificielle. Ils retrouvent ainsi les conditions de travail des opérateurs Lumière, qui dès 1896 parcourent la planète pour en ramener, à Lyon, des images en mouvement.
Grâce à la partie documentaire filmée par Sarah Moon, sorte de making of des différents tournages, c’est la découverte par les cinéastes d’un appareil révolutionnaire qui est révélée. Révolutionnaire pour l’époque, mais artisanal désormais, et certains auront besoin d’un temps pour s’accommoder à ce viseur à l’image inversée et au cadre plus ou moins précis…
Pour autant, tous, de David Lynch à Theo Angelopoulos, de Costa-Gavras à Spike Lee, de Raymond Depardon à Claude Lelouch, de Michael Haneke à Zhang Yimou…, tous se sont prêtés à l’exercice, filmant, avec légèreté et humour ou avec émotion et responsabilité, de nouvelles « vues Lumière » parfois clin d’œil aux originales. Avec ce retour au geste premier, le cinéma de 1995 portait haut son héritage Lumière.
« L’intérêt de Lumière et compagnie réside surtout dans la richesse des films, qui offrent un panorama de tous les genres cinématographiques actuels. Tous les metteurs en scène inscrivent leur rapport au cinéma, leur dette envers les Lumière dans leur confrontation avec l’objet Cinématographe, une “relique” pour certains devant lequel “on a envie de faire le signe de croix”, pour d’autres, une “boîte” à désacraliser en un tour de manivelle. » (Sophie Bredier, Cahiers du cinéma n°498, janvier 1996)
Lumière et compagnie
France, Danemark, Espagne, Suède, 1995, 1h32, noir et blanc, format 1.33
Réalisation Sarah Moon
Idée originale Philippe Poulet
Direction artistique Anne Andreu
Photo Sarah Moon, Frédéric Le Clair
Opérateurs Lumière Philippe Poulet, Didier Ferry
Musique Jean-Jacques Lemêtre
Montage Roger Ikhlef, Timothy Miller
Production Fabienne Servan Schreiber, Cinétévé, Igeldo Komunikazioa, Søren Stærmose AB, La Sept-Arte
Sortie en France 20 décembre 1995
Restauration 4K par Cinétévé.
Remerciements au distributeur Cinétévé
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