Une écrivaine (Isabelle Huppert) détonne au sein de la société viennoise par son caractère libre. Philosophe et romancière, brillante et indépendante, elle vit des relations très différentes avec deux hommes. Son compagnon Malina (Mathieu Carrière) veille sur elle tel un ange gardien tandis que son amant Ivan (Can Togay) l’emporte sur les chemins de la passion. Jusqu’où la mènera son feu intérieur ?
Réalisateur majeurdu nouveau cinéma allemand dans les années 70, Werner Schroeter est un créateur protéiforme, qui s’est aussi distingué par ses mises en scène de théâtre et d’opéra. Avec Malina, il adapte un roman de la poétesse Ingeborg Bachmann, décédée dans l’incendie de son logement en 1973. Le scénario est signé par une autre grande écrivaine autrichienne, Elfriede Jelinek, future lauréate du Prix Nobel de littérature, qui dans ses livres tels Les Exclus ou La Pianiste porte un regard cruel sur la mentalité de son pays. À la fois cérébral et bouillonnant, le film brosse le portrait d’une femme pétrie d’angoisses, toujours en mouvement, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, et qui se consume peu à peu dans ses fantasmes. De nombreuses scènes oniriques ponctuent le récit, matérialisant à l’écran les projections mentales de l’héroïne. Les personnages masculins qui l’entourent, Malina et Ivan, peuvent à certains moments sembler de pures créations de son esprit.
Werner Schroeter opte pour une forme baroque, où tout concourt à créer une ambiance mystérieuse et incandescente. Le compositeur Giacomo Manzoni livre une partition inquiétante, tandis que la décoratrice Alberte Barsacq privilégie l’artificialité : l’appartement bourgeois au cœur du film s’impose au fur et à mesure comme une représentation de la psyché de cette femme sans identité, au bord de la folie. Cet espace clos est au final lentement envahi par les flammes, dans un écho troublant à l’incendie qui coûta la vie à Ingeborg Bachmann. Dans le rôle principal, Isabelle Huppert offre une prestation saisissante, tout en contradictions, qu’elle détaille ainsi : « Dans Malina j’ai veillé à ce que "la femme" ait une gestuelle propre, une véritable expression corporelle donnant le sentiment d’un personnage tout le temps synchro et en même temps a contrario du réel. Maladroite, elle ne marche pas mais trébuche tout le temps, ne prend jamais les objets comme il faut. […] Elle veut tout, se remplir de tout, mais en réalité elle pleure, vomit, perd son sang, se vide de tout son être. La sauvagerie des sentiments a été rarement décrite de cette façon-là, par la force des mots et l’évidence du corps. » (in Libération, 13 novembre 1991)
Malina
Allemagne, Autriche, 1991, 2h07, couleurs, format 1.77
Réalisation Werner Schroeter
Scénario Elfriede Jelinek, d’après le roman éponyme d’Ingeborg Bachmann
Photo Elfi Mikesch
Musique Giacomo Manzoni
Montage Juliane Lorenz
Décors & costumes Alberte Barsacq
Production Steffen Kuchenreuther, Thomas Kuchenreuther, Peter Pochlatko, Kuchenreuther Filmproduktion, Neue Studio Film, ZDF
Interprètes Isabelle Huppert(la femme), Mathieu Carrière (Malina), Can Togay (Ivan), Fritz Schediwy (le père), Isolde Barth (la mère), Ligbart Schwarz (Mademoiselle Jellinek), Elisabeth Krejcir (Lina), Peter Kern (le Bulgare), Jenny Drivala (la chanteuse d’opéra), Wiebke Frost (la soeur de la femme), Lolita Chammah (l’enfant)
Sortie en Allemagne 17 janvier 1991
Présentation au Festival de Cannes mai 1991
Sortie en France 13 novembre 1991
Restauration 4K par le Deutsches Filminstitut & Filmmuseum
Ressortie en novembre 2025.
Le film est labellisé Lumière Classics, qui récompense les plus belles restaurations de l’année.
Remerciements au distributeur Les Films du Camélia
Film ayant reçu le label
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