Marcielle, dite Tielle (Jamilli Correa), âgée de 13 ans, vit sur l’île de Marajó, au cœur de la forêt amazonienne, avec ses parents, ses frères et sa petite sœur. Elle grandit en rêvant d’ailleurs, mais ses illusions vont s’effondrer le long de la rivière, révélant un monde d’abus qui gangrènent sa communauté.
La réalisatrice brésilienne Marianna Brennand s’est formée au cinéma à l’université de Santa Barbara en Californie, puis a commencé par signer des documentaires. L’idée de Manas s’impose à elle lorsqu’une de ses amies, musicienne et activiste, lui parle de l’exploitation sexuelle dont beaucoup de jeunes filles sont victimes dans la région du Pará au Brésil. Marianna Brennand envisage d’abord de consacrer un documentaire à ce sujet, mais elle prend vite conscience qu’il lui sera difficile d’obtenir des témoignages face caméra, le silence recouvrant d’une chape de plomb ces expériences traumatiques. Elle choisit alors pour la première fois d’écrire un scénario de fiction, nourri des recherches qu’elle a menées sur place et des histoires qu’elle a recueillies.
Manas se situe dans un cadre paradisiaque, où la vie, même rudimentaire, dans une maison sur pilotis bercée par le clapotement de l’eau, pourrait sembler paisible. Ce décor s’avère pourtant oppressant et cache une réalité sordide. Au seuil de l’adolescence, Marcielle se retrouve confrontée à un père incestueux, dont les actes sont tus par la mère. Dans un souci éthique, Marianna Brennand garde ces viols hors-champ mais saisit avec précision leurs répercussions psychologiques. L’horreur domestique se prolonge à l’extérieur, la prostitution forcée étant monnaie courante au bord de la rivière. Souhaitant briser le tabou qui entoure cette situation, la cinéaste adopte une démarche naturaliste et une mise en scène immersive. Elle filme de près son héroïne, nous fait ressentir son étouffement, et prête une grande attention à l’atmosphère sonore qui l’environne. Dans le sillage de ses producteurs associés, les frères Dardenne et Walter Salles, Marianna Brennand livre avec Manas une œuvre sociale forte et résolument engagée.
« Manas (le titre veut dire “sœurs” en argot portugais) s’emploie à montrer la logique de fait accompli et le bain de normalité contre-nature dans lequel évolue la gamine, dont on constate l’apprentissage interloqué de la dureté de l’existence au rythme de déconvenues et violences de plus en plus grandes, tous les autres personnages féminins ou presque lui intimant de laisser s’exercer le fatum local. » (Élisabeth Franck-Dumas, Libération, 26 mars 2025)
Manas
Brésil, Portugal, 2024, 1h41, couleurs, format 1.85
Réalisation Marianna Brennand
Scénario Camila Agustini, Carolina Benevides, Marianna Brennand, Marcelo Grabowsky, Antonia Pellegrino, Felipe Sholl
Photo Pierre de Kerchove
Montage Isabela Monteiro de Castro
Décors Marcos Pedroso
Costumes Kika Lopes
Production Marianna Brennand, Francesco Civita, Luis Galvão Teles, Beto Gauss, Simone Oliveira, Canal Brasil, Fado Filmes, Globo Filmes, Inquietude, Pródigo Filmes
Interprètes Jamilli Correa (Marcielle), Fátima Macedo (Danielle), Rômulo Braga (Marcílio), Dira Paes (Aretha), Emily Pantoja (Carol), Samira Eloá (Cynthia), Enzo Maia (Marcéu), Gabriel Rodrigues (Danilio), Ingrid Trigueiro (Jaci), Nena Inoue (Pastora)
Présentation à la Mostra de Venise 2 septembre 2024
Sortie en France 26 mars 2025
Sortie au Brésil 15 mai 2025
Remerciements au distributeur Bodega Films
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