Ombre et lumière

Lumière Classics & Nouvelles restaurations

Caroline (Maria Casarès), qui a monté sa maison de mode, voit son amant Jacques Barrois (Jacques Berthier) s’éloigner d’elle et entend bien le reconquérir. C’est sa demi-sœur Isabelle (Simone Signoret), une brillante pianiste, qui a investi dans l’activité de Caroline. Isabelle s’est retirée du monde depuis deux ans, suite à une crise intervenue pendant un récital. Bientôt, Jacques rencontre Isabelle et tombe sous son charme, tout en ignorant sa parenté avec Caroline…

Né en 1910 en Bulgarie, Henri Calef effectue ses études de philosophie en France, avant de devenir journaliste. Dès 1935, il devient assistant réalisateur, en particulier auprès de Pierre Chenal et André Berthomieu. Dix ans plus tard, il se lance en tant que cinéaste, se faisant remarquer avec son second long métrage Jéricho (1946).

Ombre et lumière est l’histoire d’une rivalité amoureuse entre deux sœurs. Parce qu’Isabelle lui a pris sans le savoir son amant, Caroline cherche par tous les moyens à empêcher le mariage de sa sœur. La jalousie se transforme en haine. La cruauté latente de Caroline trouve en la faiblesse psychologique d’Isabelle un terreau fertile à sa vengeance : manipulant Isabelle, son médecin, l’imprésario… elle la pousse à la démence. Le père d’Isabelle étant « mort fou », comment pourrait-il en être autrement pour elle ? « Il y avait là un sujet qui pour un metteur en scène est merveilleux, celui de la folie : arriver à montrer cette espèce de progression vers la folie et parallèlement et conjointement le thème du miroir. Un thème auquel j’étais attaché depuis très longtemps et notamment à travers les écrivains allemands des contes fantastiques, Chamisso et tous ces gens-là. » (Henri Calef, in Henri Calef, Cinéma sans étoile, Marie Calef & Philippe Esnault, Pilote 24, 2004)

Maria Casarès avait déjà joué sous la direction de Calef dans Bagarres (1948) et le cinéaste souhaitait profondément travailler à nouveau avec la comédienne. Elle forme avec Simone Signoret un remarquable duo. « Chacune d’elles donne ici un véritable récital de ses dons qui sont très grands. On sait l’intelligence de l’une et de l’autre de ces comédiennes et les voir face à face est, à cet égard, extrêmement intéressant. Car ce sont, en fait, deux esprits de nature fort différente qui s’affrontent, deux sensibilités de forme étrangère l’une à l’autre qui se heurtent. » (José Zendel, L’Écran français n°313, juillet 1951)