Sonoko (Kyoko Kishida) s’ennuie auprès de Kotaro, son mari avocat (Eiji Funakoshi). Elle s’inscrit dans une école d’art où elle tombe follement amoureuse d’une autre étudiante, Mitsuko (Ayako Wakao). Les deux femmes entament bientôt une liaison. Tandis que Kotaro s’interroge sur la nature de leur relation, Sonoko découvre que Mitsuko a également un amant, Eijiro (Yasuke Kawasu). Séduction, jalousie et manipulation vont agiter la vie de ce quatuor amoureux.
© The Jokers Films
Dans les années 60, Yasuzo Masumura s’impose comme un pilier de la société Daiei et poursuit sa carrière à un rythme frénétique. Il passe d’un film à l’autre avec un savoir-faire indéniable. Dans ses œuvres, il saisit l’énergie de la jeunesse, s’intéresse aux pulsions vitales comme aux élans destructeurs, explore les liens entre sexualité et mort. Masumura accorde souvent dans ses récits une place centrale aux femmes, à l’instar de Kenji Mizoguchi. Il exalte surtout la volonté de l’individu, l’expression de son désir inaliénable, qui rompt avec l’ordre établi.
Passion bouscule ainsi les convenances en présentant sans équivoque une romance lesbienne. Dans son premier mouvement, le film épouse avec une trouble sensualité l’obsession que Sonoko nourrit pour Mitsuko, dont la beauté agit comme un sortilège. Masumura filme Ayako Wakao comme une déesse au corps parfait, aimantant tous les regards. Autour d’elle va se nouer un affrontement psychologique teinté de perversité.
Toute l’histoire est contée depuis le point de vue de Sonoko, qui se confie dans le bureau d’un écrivain. Masumura adapte ici le roman Svastika de Junichiro Tanizaki, qui lui inspirera plus tard deux autres films, Tatouage et La Chatte japonaise. Symbole bouddhiste aux quatre branches reliées mais tendant chacune vers une direction opposée, le svastika figure ici les rapports complexes entretenus par les quatre personnages.
« Passion est un film de guerre, la description d’un combat pour la possession de l’autre, quels que soient les moyens employés. Pactes de sang, serments, mensonges et mises en scène sont au service d’une conquête sexuelle de tous les instants. Cette radioscopie des relations humaines, cette plongée au cœur de l’intime, est filmée en Cinémascope. Le cadre, parce qu’il est élargi, abrite un espace mental, facilite la transmutation des affects et des désirs. » (Jean-François Rauger, Le Monde, 3 août 2005)
Passion (Manji)
Japon, 1964, 1h31, couleurs, format 2.35
Réalisation Yasuzo Masumur
Scénario Kaneto Shindo, d’après le roman Svastika de Junichiro Tanizaki
Photo Setsuo Kobayash
Direction artistique Tomoo Shimogawara
Musique Tadashi Yamauchi
Montage Tatsuji Nakashizu
Production Yonejiro Saito, Daiei Studios
Interprètes Ayako Wakao (Mitsuko Tokumitsu), Kyoko Kishida (Sonoko Kakiuchi), Eiji Funakoshi (Kotaro Kakiuchi), Yusuke Kawasu (Eijiro Watanuki), Ken Mitsuda (le romancier), Kyu Sazanka (le directeur de l’école), Kyoko Nagumo (Kiyoko), Reiko Hibiki (Haruko)
Sortie au Japon 25 juillet 1964
Restauration 4K présentée en exclusivité pour le festival Lumière.
Sortie vidéo en DVD-Blu-ray le 23 octobre par The Jokers Films, en vente en exclusivité au village du festival.
Remerciements au distributeur The Jokers Films
Film ayant reçu le label
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