Pension Mimosas

Lumière Classics & Nouvelles restaurations

Sur la Côte d’Azur, Louise Noblet (Françoise Rosay) et son mari Gaston (Alerme) tiennent la pension Mimosas, qui accueille une clientèle attirée par les casinos. Le couple a la garde de Pierre, un petit garçon dont le père est en prison. Devenu adulte, Pierre (Paul Bernard) mène une vie de débauche à Paris. Il continue d’écrire à sa marraine et lui réclame sans cesse de l’argent. Louise va tenter de l’arracher à ses mauvaises fréquentations. 

Pension Mimosas est le deuxième film que Jacques Feyder réalise à son retour d’Hollywood, où il a dirigé plusieurs longs métrages pour la Metro-Goldwyn-Mayer entre 1928 et 1933. Comme pour Le Grand Jeu, il élabore le scénario avec son complice Charles Spaak. Tous deux imaginent un récit original, centré sur le rapport entre un jeune homme et sa mère adoptive, qui nourrit pour lui une passion trouble. Pension Mimosas est à la fois une étude de mœurs et un mélodrame ancré dans l’univers des joueurs. Feyder dépeint avec justesse une petite société hantée par la roulette et ses gains illusoires conduisant à l’obsession.

Les personnages sont dessinés avec une belle profondeur, et leurs relations observées avec soin. Pour le critique Jean A. Gili, « Pension Mimosas est un film en creux dans lequel Feyder trouve une sorte de finesse classique dégagée de tout pathos : le drame se noue et se dénoue comme dans une épure. Ce chef-d’œuvre d’analyse psychologique ne laisse rien au hasard, aussi bien dans la précision du scénario que dans la minutie des décors ou le jeu contenu des comédiens. » (1895,hors-série, octobre 1998)

Feyder confie le rôle principal à sa compagne Françoise Rosay, touchante en femme qui n’a pu avoir d’enfant et finit par tomber amoureuse de celui qu’elle a vu grandir. Incarnant une maîtresse volage, Lise Delamare, qui jouera par la suite pour Jean Renoir, Sacha Guitry ou René Clair, s’affirme ici dans une de ses premières compositions. Arletty fait quant à elle une apparition saisissante : c’est sur le tournage de Pension Mimosas qu’elle rencontre Marcel Carné, qui officie en tant qu’assistant réalisateur.    

« Le jeu des interprètes, celui de la caméra, les lumières, la piste sonore, tous les éléments du film sont consciemment utilisés par Feyder, dirigés vers cette fin unique : l’exaltation du sujet, c’est-à-dire écrire cinématographiquement Phèdre. »(Michel Mayoux, Cahiers du cinéma n°5, septembre 1951)