Pusher

Les invités du festival - Nouvelles restaurations en présence des cinéastes

Frank (Kim Bodnia) est dealer à Copenhague, où il passe ses journées à traîner avec son associé Tonny (Mads Mikkelsen). Il se fournit auprès de Milo (Zlatko Buric), un trafiquant serbe, et doit lui rembourser une dette. Frank pense se tirer d’affaire lorsqu’un ancien compagnon de cellule propose de lui acheter un stock important. Mais la police intervient durant la transaction.

Nicolas Winding Refn connaît un succès considérable au Danemark dès son premier film Pusher, qu’il tourne alors qu’il vient d’être admis dans une école de cinéma. Bénéficiant du soutien d’un producteur, il profite de cette chance pour mener à bien son projet, abandonnant l’idée de faire des études. Dès ses débuts, le réalisateur affirme sa virtuosité en livrant une plongée nerveuse dans le milieu de la criminalité. Le cinéaste adopte un style brut, filmant les trafics et les embrouilles avec une caméra à l’épaule qui teinte sa mise en scène d’un réalisme cru. Il n’hésite pas à confier des rôles secondaires à d’authentiques voyous. La bande originale punk-rock contribue à l’énergie d’un film à l’atmosphère sombre et poisseuse, qui circule de petits appartements en bars louches. 

Winding Refn assume l’héritage du cinéma américain mais fait déjà preuve d’une évidente singularité dans son approche. « Le film est empreint d’une fascination un peu morbide pour cette vie absurde, qui donne l’illusion du pouvoir et de la richesse tout en condamnant l’immense majorité de ses pratiquants à la médiocrité. Le jeune cinéaste marche délibérément sur les traces de Scorsese, période Mean Streets. Mais cette admiration manifeste est altérée par une façon très européenne de prendre en compte les réalités sociales. » (Thomas Sotinel, Le Monde, 26 juillet 2006)

Sec et oppressant, Pusher doit aussi sa réussite à la justesse de ses acteurs. Pour son premier rôle à l’écran, Mads Mikkelsen compose un personnage saisissant, crâne rasé et tatouage sur la nuque, toujours à la traîne des événements. En 2004, il sera le héros de Pusher 2, que Winding Refn se résout à tourner suite à l’échec de son film Inside Job. Réalisé dans la foulée, Pusher 3 se concentre ensuite sur le destin de Milo, bouclant une trilogie qui consacre Winding Refn comme un auteur à suivre.