Quand Harry rencontre Sally

Grands films sur grand écran

À la fin de leurs études, Harry (Billy Crystal) et Sally (Meg Ryan) partagent un long trajet en voiture entre Chicago et New York. Leurs premiers échanges sont houleux. Harry soutient qu’il ne peut y avoir d’amitié entre un homme et une femme sans désir sexuel. Sally n’est pas d’accord. Tous deux se quittent froidement. Cinq ans plus tard, ils se retrouvent par hasard côte à côte dans un avion et reprennent leur conversation.  

Comédie romantique par excellence, aujourd’hui reconnue comme un fleuron du genre, Quand Harry rencontre Sally repose dès l’origine sur un tandem. D’un côté Rob Reiner, réalisateur salué pour des films aussi divers que Spinal Tap (1984), Stand by Me (1986) ou Princess Bride (1987). De l’autre Nora Ephron, journaliste devenue autrice et scénariste. Tous deux imaginent la trame d’un film centré sur les relations hommes-femmes, et confrontent leurs expériences. Fraîchement divorcé, Rob Reiner nourrit de ses anecdotes le personnage de Harry, célibataire cynique. Nora Ephron fournit certains de ses traits à Sally, dont ses petites manies. La narration joue sur les attentes du public pour mieux les désamorcer : les premières retrouvailles dans l’avion ne sont ainsi pas les bonnes, et il faut un autre saut temporel pour que les deux héros se rapprochent vraiment. Leur antagonisme s’efface alors derrière une complicité, née de promenades, de confidences et de moments communs, qui gardent leur part d’ambiguité. Lorsqu’ils regardent chacun dans leur chambre Casablanca (Michael Curtiz, 1942), un split screen nous donne l’impression qu’ils sont dans le même lit.

Rythmé par des standards de jazz – dont certains repris par Harry Connick Jr. – le récit se concentre, au fil des saisons, sur l’évolution du lien entre Harry et Sally. Le film comporte peu de personnages secondaires, à l’exception de leurs amis respectifs, Jess et Marie, qui forment un couple à la vitesse de l’éclair, contrastant de façon comique avec les atermoiements de Harry et Sally qui peinent à s’avouer leurs sentiments. Énorme succès à sa sortie, Quand Harry rencontre Sally brille par ses dialogues virevoltants, les joutes verbales entre Billy Crystal et Meg Ryan faisant émerger une véritable alchimie.           

« La jubilation que procure le film de Rob Reiner tient à la simplicité et à la rigueur dont il fait preuve, à cette manière obstinée d’épuiser un sujet et une situation. When Harry Met Sally raconte idéalement, c’est-à-dire avec charme et rythme (pas une faille sur ce plan), l’histoire éternelle du cinéma américain qu’on peut résumer en une seule phrase : boy meets girl. » (Thierry Jousse, Cahiers du cinéma n°425, novembre 1989)