De l’art d’être spectateur : cherchant à mieux comprendre la puissance du cinéma en salles, Arnaud Desplechin donne la parole à des spectateurs anonymes puis reconstitue en saynètes rétro ce qui a fondé sa propre cinéphilie. Voici son habituel double de fiction, Paul Dédalus, se rendant en salle pour la première fois avec sa grand-mère, puis apprenant le cinéma à l’université…
À l’origine de ce docu–fiction, la proposition des producteurs Charles Gillibert et Romain Blondeau d’un essai filmé sur le philosophe américain Stanley Cavell, passion du cinéaste. Projet transformé en réflexion enjouée sur l’art de voir, la formation du regard, mêlant points de vue philosophiques (notamment via la chercheuse Sandra Laugier) et souvenirs personnels : comme l’écrit Libération le 22 mai 2024 : « L’autobiopic maniaquement reconstitué (Roubaix, Lille et Paris entre les années 60 et 80) qui sert de glu à cet essai filmique d’Arnaud Desplechin, mise en cinéma reconnaissable aisément (il s’y appelle, comme souvent, Paul Dédalus) est celui de son accession à l’art qu’il a fait sien, depuis la petite enfance jusqu’au moment où il a envisagé d’apporter sa pierre à l’édifice après une redécouverte inespérée des 400 Coups. Interprété par un quatuor de comédiens de 6 à 30 ans (Louis Birman, Milo Machado-Graner, Sam Chemoul et Salif Cissé) et de très loin la plus dense composante de Spectateurs ! ce portrait dispersé tout au long du métrage révèle qu’il est d’abord celui d’un spectateur en particulier parmi les spectateurs en général, Desplechin lui-même, et d’abord un film sur son cinéma, celui qu’il a vu et qui l’a fait. » (Olivier Lamm)
Cette vie de cinéma se nourrit de dizaines de références aux grands films, de Kurosawa à Hitchcock, ayant marqué le cinéaste qui mélange allègrement cinéma de recherche et cinéma populaire. Cette somme de souvenirs, inscrite dans le cadre rétro de la jeunesse d’Arnaud Desplechin, finit par susciter une émotion sincère : « C’est pour cela que je parlais d’élégie explique le cinéaste. Comme si, à une date non anniversaire, nous nous demandions ce que nous avions vécu avec le cinéma, tous ces films. Nous réalisons soudain : quelle chance nous avons eue ! L’élégie, c’est récupérer ce qui est passé, enfui ou fugitif, et s’en faire le récit. Quelle chance ai-je eu que ma grand-mère m’emmène voir Fantomas ! »
Spectateurs !
France, 2024, 1h28, couleurs, format 2.35
Réalisation & scénario Arnaud Desplechin
Photo Noé Bach
Musique Grégoire Hetzel
Montage Laurence Briaud
Décors Toma Baqueni
Costumes Judith de Luze
Production Charles Gillibert, Eric Nebot,CG cinéma, Scala Films, Arte France Cinéma
Interprètes Louis Birman (Paul 6 ans), Clément Hervieu-Leger (le lecteur de Barthes), Françoise Lebrun (la grand-mère), Olga Milshtein (l’étudiante en philosophie), Milo Machado-Graner (Paul 14 ans), Sam Chemoul (Paul 22 ans), Mathieu Amalric (le cinéaste)
Présentation au Festival de Cannes 22 mai 2024
Sortie en France 15 janvier 2025
Remerciements à Les Films du Losange
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