Malentendante, Carla Bhem (Emmanuelle Devos) est secrétaire dans une entreprise de promotion immobilière, où elle s’occupe de tout sans recevoir aucune considération. Suite à un malaise, elle parvient à faire engager un stagiaire, Paul Angeli (Vincent Cassel). Le jeune homme sort de prison et doit régler une dette auprès de Marchand (Olivier Gourmet), propriétaire d’un club lié à des activités troubles. Carla tombe sous le charme de Paul, qui de son côté s’intéresse à sa capacité de lire sur les lèvres.
Avec ses premiers films, Regarde les hommes tomber et Un héros très discret, Jacques Audiard se révèle comme un cinéaste à la patte singulière, aimant croiser les genres. Son troisième opus, Sur mes lèvres, pousse d’un cran les contrastes. Le scénario, écrit à quatre mains avec l’auteur Tonino Benacquista, multiplie les fausses pistes et les bifurcations. Les séquences d’ouverture, centrées sur Carla, laissent croire à une comédie sociale, croquant la vie de bureau dans ses pires travers. L’arrivée de Paul, dont le caractère impulsif tranche avec cet environnement terne, introduit un soupçon de romance, mais l’intrigue sentimentale se fond bientôt dans une atmosphère de film noir.
Perdus chacun à leur façon, Carla et Paul forment un couple improbable. Pour donner corps à ce duo, Audiard choisit avec malice deux comédiens issus d’horizons différents. Emmanuelle Devos vient du cinéma d’auteur et s’est fait connaître par ses rôles chez Arnaud Desplechin, tandis que Vincent Cassel sort de films d’action tels Les Rivières pourpres et Le Pacte des loups. Sur le plan visuel, Audiard opte pour une caméra portée, serrant de près ses personnages, dont on partage toutes les sensations. La surdité de Carla est figurée par un saisissant travail sur la bande son, tantôt amplifiée tantôt encaissée, selon qu’elle active ou enlève sa prothèse auditive. Alternant le chaud et le froid, violence sèche et naissance d’un amour, Sur mes lèvres est loué pour ses qualités dans la presse, imposant Audiard comme un réalisateur majeur au sein du cinéma français.
« Emmanuelle Devos et Vincent Cassel forment un duo de comédiens d’une trempe exceptionnelle, paumés manipulateurs, disgraciés superbes, ne comptant que sur leur orgueil pour s’arracher à l’écrasante banalité qui les entoure. […] Entre association de malfaiteurs et romance ombrageuse, Sur mes lèvres invente un couple intrigant et attachant : deux cas sociaux aux prises avec le film noir. » (Marie-Noëlle Tranchant, Le Figaro, 17 octobre 2001)
Sur mes lèvres
France, 2001, 1h59, couleurs, format 1.85
Réalisation Jacques Audiard
Scénario Jacques Audiard, Tonino Benacquista
Photo Mathieu Vadepied
Musique Alexandre Desplat
Montage Juliette Welfling
Décors Michel Barthélémy
Costumes Virginie Montel
Production Philippe Carcassonne, Jean-Louis Livi, Sédif Productions, Ciné B, Pathé Image Production, France 2 Cinéma
Interprètes Vincent Cassel (Paul Angeli), Emmanuelle Devos (Carla Bhem), Olivier Gourmet (Marchand), Olivier Perrier (Masson), Olivia Bonamy (Annie), Bernard Alane (Morel), Céline Samie (Josie Marchand), David Saracino (Richard Carambo), Christophe Vandevelde (Louis Carambo), Pierre Diot (Keller), Serge Boutleroff (Mammouth)
Présentation au Festival de Toronto 10 septembre 2001
Sortie en France 17 octobre 2001
Restauration 4K Pathé au laboratoire TransPerfect Media France, en collaboration avec Jacques Audiard et Mathieu Vadepied (chef opérateur du film).
Ressortie au premier semestre 2025 en dvd Blu-ray
Remerciements à Pathé
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