Pennsylvanie, 1876. Dans les mines de charbon, des milliers d'hommes sont exploités et soumis quotidiennement à un travail dangereux. Les « Molly Maguires », un groupe d’activistes mené par Jack Kehoe (Sean Connery), tentent d’inverser le rapport de force en commettant des actes de sabotage et des expéditions punitives. Le détective James McParlan (Richard Harris) est chargé d’infiltrer la société secrète. Sous le nom de McKenna, il se présente comme un étranger cherchant un emploi à la mine.
Traître sur commande démarre par une séquence extraordinaire, longue de plus de dix minutes, plantant le décor et les enjeux du film de manière purement visuelle, sans la moindre parole, seulement accompagnée par la musique de Henry Mancini. La mise en scène de Martin Ritt nous immerge dans l’univers de la mine : la caméra suit des ouvriers qui poussent des chariots sous un soleil de plomb, puis s’enfonce dans les galeries, où des visages noircis émergent de l’obscurité. Le bruit des pioches, la faible lueur des lampes frontales, tout contribue à nous faire éprouver la dureté de ces conditions de travail. Cette ouverture magistrale trouve son apothéose dans une gigantesque explosion, le générique défilant sur un feu rougeoyant qui sonne la révolte des « Molly Maguires ».
Martin Ritt et son équipe ont reconstitué avec soin ce monde disparu, tournant principalement à Eckley, ancien village minier de Pennsylvanie. D’importants moyens sont déployés pour redonner au lieu son allure d’antan : les poteaux téléphoniques sont enlevés, les bâtiments repeints en gris, les routes couvertes de poussière. Un réalisme minutieux au service d’un récit hautement politique, jouant sur l’ambiguïté des relations entre Kehoe et McParlan, l’idéaliste et le mouchard, campés avec beaucoup d’intensité par Sean Connery et Richard Harris. Aujourd’hui reconnu comme l’un des sommets de l’œuvre de Martin Ritt, Traître sur commande fut pourtant à sa sortie un échec commercial, malgré une presse élogieuse.
« The Molly Maguires est une réussite totale. La rencontre du cinéaste Martin Ritt et du génial chef opérateur James Wong Howe est à l’origine de cet épanouissement. Ce dernier lui apporta une vision, des principes, des partis pris esthétiques qui lui permirent de centrer certaines ambitions et de les incarner en termes filmiques. Il mit au point des rendus d’image dépassant la simple beauté formelle. Son travail est essentiel et tend à renforcer la précision, l’acuité de la description sociale. Non seulement il crée une unité plastique qu’il contrôle avec rigueur, mais cette unité correspond à la démarche profonde du film. »(Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Nathan, 1995)
Traître sur commande (The Molly Maguires)
États-Unis, 1970, 2h05, couleurs, format 2.39
Réalisation Martin Ritt
Scénario Walter Bernstein, librement inspiré du livre Lament for the Molly Maguires d’Arthur H. Lewis
Photo James Wong Howe
Musique Henry Mancini
Montage Frank Bracht
Décors Darrell Silvera
Costumes Dorothy Jeakins
Production Martin Ritt, Walter Bernstein, Tamm Productions
Interprètes Sean Connery (Jack Kehoe), Richard Harris (James McParlan / McKenna), Samantha Eggar (Mary Raines), Frank Finlay (Davies), Anthony Zerbe (Dougherty), Bethel Leslie (Mrs. Kehoe), Art Lund (Frazier), Anthony Costello (Frank McAndrew), Philip Bourneuf (le père O’Connor)
Sortie aux États-Unis 8 février 1970
Sortie en France 17 juin 1970
Remerciements à Park Circus
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