Elena (Miroslava) et Maria (Elda Peralta) sont deux sœurs aux parcours radicalement différents. Elena gravite dans la haute société depuis son mariage de convenance à un riche banquier, Faustino (Miguel Ángel Ferriz). Maria se prostitue dans les quartiers populaires pour le compte de son compagnon, le proxénète Rodolfo (Ernesto Alonso). Ce dernier va tenter de séduire Elena afin de profiter de sa fortune.
Avec ce troisième film, Matilde Landeta abandonne les sujets à caractère historique pour revenir à son époque. Elle garde par contre son approche résolument engagée sur les questions féminines, en se concentrant sur la relation brisée entre deux sœurs que tout semble opposer.
Tandis que Maria vend ses charmes sur le trottoir et vit sous la coupe d’un souteneur, Elena dépend d’un homme qu’elle a épousé pour son argent. En confrontant leurs trajectoires, Landeta suggère que la situation de Maria, reléguée dans les marges, n’est pas forcément plus honteuse que celle d’Elena, qui a choisi de faire autrement commerce de sa vie. Toutes deux sont également dominées par l’ordre masculin. La séquence d’ouverture, où la voiture luxueuse de Faustino manque de renverser Maria sur la chaussée sous les yeux d’Elena, illustre le choc de ces deux univers qui vont par la suite se mélanger.
Dans La negra Angustias, Landeta portait déjà un regard sans jugement moral sur le monde des prostituées. Angustias faisait remarquer qu’elles sont « celles qui méritent le plus de respect, parce qu’elles doivent endurer la brutalité des hommes ». Dans Trotacalles, la cinéaste dépeint leur sort avec bienveillance, montrant leur solidarité dans les moments difficiles. Sur un ton proche du mélodrame, le film bénéficie de son atmosphère mélancolique, la caméra orchestrant un ballet entre chambres fermées, ruelles sombres et cabarets enfumés.
Après Trotacalles, Landeta est restée plus de quarante ans sans tourner. Elle a vécu aux États-Unis où elle a produit des courts métrages pour la télévision. En 1992, à bientôt 80 ans, elle réussit à mettre en scène un dernier film, Nocturno a Rosario, librement inspiré de la vie du poète Manuel Acuña. « Pourquoi n’ai-je pas continué à réaliser ? » se demande-t-elle dans un documentaire que lui consacre Patricia Martinez de Velasco cette année-là. « Je crois que cela est dû à l’époque. Il faut se rappeler que les producteurs mexicains n’avaient jamais produit un film réalisé par une femme. »
Trotacalles
Mexique, 1951, 1h38, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Matilde Landeta
Scénario José Aguila, Matilde Landeta
Photo Rosalío Solano
Direction artistique Luis Moya
Musique Gonzalo Curiel
Montage Alfredo Rosas Priego
Costumes Henri de Chatillon
Production Eduardo Soto Landeta, Tacma
Interprètes Miroslava (Elena), Ernesto Alonso (Rodolfo), Elda Peralta (Maria), Miguel Ángel Ferriz (Faustino Irigoyen), Isabela Corona (Ruth), Aurora Izquierdo (la jeune prostituée), Enedina Díaz de León (une ancienne amie de Ruth)
Sortie au Mexique 22 juin 1951
Etalonnage et fabrication d’un DCP VOSTF par la UNAM (Mexique) en exclusivité pour le festival Lumière.
Ayant-droit Marcela Fernández Violante
Remerciements à la Filmoteca de la UNAM (Mexique) et à Marcela Fernández Violante
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