Tu es mon fils

Lumière Classics & Nouvelles restaurations

Renversée par un véhicule alors qu’elle traversait la rue, Ada (Giulia Rubini) meurt et laisse son fils Mario (Giancarlo Damiani) orphelin. Aldo (Gastone Renzelli), le père du petit garçon, revient d’Afrique où il s’était exilé pour travailler et rapporter de l’argent à sa famille. À son retour, il découvre le fossé qui s’est creusé avec Mario et choisit de rester auprès de lui pour ressouder leur lien.   

© Editions Gili Edilig

Dès ses débuts au cinéma, Luigi Comencini a fait de l’enfance son thème de prédilection. Dans son documentaire Bambini in città (1946), il capte la résilience et l’imagination d’enfants qui se réapproprient les ruines de Milan, dévastée par la guerre, pour s’inventer un terrain de jeu. En 1948, son premier long métrage de fiction, De nouveaux hommes sont nés, est centré sur le quotidien des scugnizzi, qui vivent en bande dans les rues de Naples. Le réalisateur porte un regard d’une sensibilité rare sur cet âge de la vie, qu’il explorera à de nombreuses reprises, de L’Incompris (1967) à Eugenio (1980), des Aventures de Pinocchio (1975) à Marcellino (1991).

Tout au long de sa carrière, Luigi Comencini a dû jongler entre films de commande et œuvres personnelles. Tu es mon fils se range dans la seconde catégorie, et le cinéaste s’investit pleinement dans ce projet qui lui tient à cœur. Il développe le scénario avec Suso Cecchi D’Amico, connue pour sa contribution aux films de Vittorio De Sica et Luchino Visconti. Avec une grande justesse psychologique, le récit se focalise sur la relation brisée entre un père resté longtemps absent et son fils, qui a comblé le manque d’affection en se rapprochant d’une figure de substitution, le chiffonnier Righetto. Pour renouer avec cet enfant dont il avait négligé les besoins, Aldo devra faire preuve de patience et de compréhension. Leur histoire s’inscrit dans un contexte social difficile, et Luigi Comencini filme de manière réaliste la misère de la banlieue romaine. Il a d’ailleurs trouvé son jeune comédien par hasard, en effectuant des repérages sur les lieux de tournage, alors qu’un casting avait déjà été bouclé. Le cinéaste explique à quel point cette décision a été cruciale pour lui : « J’avais beaucoup de regrets pour le garçon qui avait été d’abord choisi, mais c’était aussi une bonne leçon pour moi : il ne sert à rien de multiplier les bouts d’essai, il faut s’en remettre à une intuition mystérieuse. L’enfant qui est choisi ne l’est jamais pour son aspect physique mais pour son caractère. C’est en me conformant à cette règle que j’ai choisi par la suite bien d’autres enfants, notamment pour le rôle de Pinocchio. » (Luigi Comencini, Enfance, vocation, expériences d’un cinéaste, Éditions Jacqueline Chambon, 2000)