Tandis que l’Italie se prépare à d’importantes élections, une jeune femme est retrouvée violée et assassinée dans un terrain vague près de Milan. Bizanti (Gian Maria Volonté), le rédacteur en chef d’un journal conservateur, décide d’instrumentaliser ce fait divers. Il fait du militant communiste Mario Boni (Corrado Solari) le coupable idéal, afin de manipuler l’opinion publique et de jeter l’opprobre sur les mouvements gauchistes.
Marco Bellocchio fait une entrée fracassante dans le cinéma italien en 1965 avec Les Poings dans les poches, posant les bases d’une œuvre puissante et engagée. La Chine est proche et Au nom du père confirment son talent contestataire. Son quatrième film, Viol en première page, est le premier dont il n’est pas directement l’auteur. Le scénario a été signé par Sergio Donati, qui devait le réaliser lui-même. Suite à un litige avec la production, Bellocchio récupère le script, auquel il va donner sa touche personnelle. « J’aimais bien le scénario, j’ai accepté de reprendre le film. Mais ce n’était pas un film à moi et je ne pouvais pas le tourner comme ça sans rien y changer. Je devais le corser politiquement. » (Marco Bellocchio, Le Nouvel Observateur, 21 avril 1973)
Bellocchio s’empare du sujet avec rage, montre la collusion entre la presse et la police, brosse le tableau d’une démocratie au bord de l’implosion, où la désinformation règne en maître. Sous les traits de Gian Maria Volonté, cynique à souhait, le patron du quotidien Il Giornale est un homme sans le moindre scrupule, qui n’hésite pas à tordre les faits pour orienter une enquête à des fins idéologiques.
D’une amère lucidité, Viol en première page s’inscrit dans une actualité brûlante. L’Italie traverse alors les « années de plomb », et la stratégie de la tension favorise l’émergence de voix autoritaires. Bellocchio se branche en prise directe sur l’époque, mélange fiction et images documentaires pour ancrer son récit dans le réel. Teinté de pessimisme, le film s’ouvre sur les funérailles de Giangiacomo Feltrinelli, éditeur d’extrême-gauche, et se clôt sur la vision d’un cours d’eau où s’accumulent les déchets. Sorti dans la foulée de La classe ouvrière va au paradis d’Elio Petri et de L’Affaire Mattei de Francesco Rosi, Viol en première page souligne l’éclatante vitalité du cinéma politique italien des années 70.
Viol en première page Sbatti il mostro in prima pagina
Italie, France, 1972, 1h27, couleurs, format 1.37
Réalisation Marco Bellocchio
Scénario Sergio Donati
Photo Luigi Kuveiller, Erico Menczer
Musique Nicola Piovan
Montage Ruggero Mastroianni
Décors Dante Ferretti
Costumes Franco Carretti
Production Ugo Tucci, Jupiter Generale Cinematografica, UTI – Produzioni Associate, Labrador Films
Interprètes Gian Maria Volonté (Bizanti), Fabio Garriba (Roveda), Carla Tato (la femme de Bizanti), Jacques Herlin (Lauri), John Steiner (Montelli), Corrado Solari (Mario Boni), Laura Betti (Rita Zigai), Jean Rougeul (le directeur du journal), Marco Bellocchio (le reporter)
Sortie en Italie 19 octobre 1972
Sortie en France 26 avril 1973
Restauration Minerva Pictures au laboratoire L'Immagine Ritrovata de Bologne, fabrication du DCP VOSTF en exclusivité pour le festival Lumière.
Remerciements à la Cineteca di Bologna
Film ayant reçu le label
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