Violette (Isabelle Huppert) vit dans un petit appartement avec son père mécanicien (Jean Carmet) et sa mère au foyer (Stéphane Audran). À longueur de journée, ils ressassent leurs déceptions et leurs espoirs d’ascension pour leur petite fille. Violette, elle, recherche l’absolu, les belles toilettes, les virées en bord de mer – une vie interlope. Alors, vêtue de satin noir, elle file dès qu’elle le peut dans le Quartier Latin, reçoit ses amis dans une triste chambre d’hôtel, vole ses parents, ment.
« Je suis tombé amoureux de Violette Nozière bien avant de l’avoir comprise. » (Claude Chabrol)
Portrait d’une meurtrière révélant une femme complexe, Violette Nozière est inspiré d’un fait divers qui défraya la chronique, passionna les Français et inspira les surréalistes dont Paul Eluard, qui écrivait : « Violette a rêvé de défaire, a défait, l’affreux nœud de serpents des liens du sang. » La révolte enfouie de Violette la conduit au parricide. Pour sa défense, elle accuse son père de viol, puis se rétracte. Condamnée, elle verra sa peine réduite par plusieurs présidents successifs, puis sera libérée et même réhabilitée. Violette est l’enfant d’un milieu petit-bourgeois, à une époque où celui-ci commence à s’éroder. Elle rêve de grandeur et est rattrapée par un quotidien banal.
Le cinéaste offre à Isabelle Huppert son premier personnage chabrolien, récompensé par le prix d’interprétation au Festival de Cannes. Pour l’actrice, « Violette Nozière était la dentellière qui sortait de l’hôpital pour tuer son père et sa mère » (Positif n°605-606, juillet-août 2011). Une filiation existe bien entre les deux interprétations, comme si la dentellière de Claude Goretta retournait désormais sa force contre les autres. Violette est ambivalente, lumineuse et d’une noirceur absolue, innocente et vénéneuse, enfant et femme. Insolente et manipulatrice, elle est surtout insondable, avec ce regard qui n’exprime souvent que le vide. Plus on en sait sur Violette Nozière, moins on saisit qui elle est.
« La nudité du visage est, dans le même temps, le voilement et le dévoilement de l'identité profonde. Huppert […] compose ce visage au secret de lui-même, réservant ses émotions véritables, bridant ses sentiments qui sont comme un rêve à l'interprétation difficile. Une seule fois elle laisse éclater une vive émotion […]. Le reste du temps, son visage est comme un miroir sans tain derrière lequel se cachent pensées et sentiments que le monde ne voit pas. Isabelle Huppert invente un nouveau visage, réinterprétant en quelque sorte celui de Garbo. Elle revêt pour la première fois son masque chabrolien, celui d'une tristesse réfléchie et d'une profonde ambiguïté sociale. […] Huppert crée ici une panoplie de gestes qu'elle réutilisera chez Chabrol, mêlant une feinte naïveté à un vindicatif pragmatisme. » (Fabien Gaffez, art. cit.)
Violette Nozière
France, Canada, 1978, 2h04, couleurs, format 1.66
Réalisation Claude Chabrol
Scénario Odile Barski, Hervé Bromberger, Frédéric Grendel, Claude Chabrol, d'après l'ouvrage Violette Nozière de Jean-Marie Fitère
Photo Jean Rabier
Musique Pierre Jansen ; Lucienne Boyer, Fréhel, Dominique Zardi…
Montage Yves Langlois
Décors Jacques Brizzio
Costumes Karl Lagerfeld, Pierre Nourry
Production Denis Héroux, Eugène Lépicier, Filmel, Cinévidéo, FR3
Interprètes Isabelle Huppert (Violette Nozière), Stéphane Audran (Germaine Nozière), Jean Carmet (Baptiste Nozière), Lisa Langlois (Maddy), Jean-François Garreaud (Jean Dabin), Bernard Alane (le fils Pinguet), Bernadette Lafont (la codétenue), Guy Hoffmann (le juge), Dora Doll (Madame Mayeul), François Maistre (Monsieur Mayeul), Fabrice Luchini (Camus)
Présentation au Festival de Cannes 20 mai 1978
Sortie en France 24 mai 1978
Restauration René Chateau Vidéo avec le soutien d’Arte France
Remerciements au distributeur René Chateau Vidéo et à Arte France
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